Quelle est l’origine de la mystérieuse explosion qui a décimé l’état-major d’un groupe rebelle syrien?

Il est difficile de s’y retrouver parmi les groupes qui composent la rébellion syrienne. Outre l’État islamique (EI), l’on compte le Front al-Nosra, une branche d’al-Qaïda, le Front islamique, qui regroupe diverses formations proches, à des degrés divers, de la mouvance salafiste et ayant un agenda purement régional, et l’Armée syrienne libre (ASL), qui, soutenue par les Occidentaux, a subi plusieurs revers ces derniers mois.

Tous ces mouvements n’ont pas pas les mêmes objectifs, ce qui les amènent à s’affronter, au grand bénéfice du régime de Bachar el-Assad (on connaît la formule : diviser pour mieux régner). Ainsi, les jihadistes de l’EI combattent le Front al-Nosra, lui-même allié au Front islamique.

Ce dernier compte dans ses rangs le groupe Ahram al-Cham, dont les effectifs étaient estimés, en 2013, à au moins 10.000 combattants. Jugé salafiste, il n’a jamais été aidé par les puissances occidentales mais il n’a pas non plus été déclaré comme groupe terroriste, malgré ses liens avec le Front al-Nosra. Mais, depuis quelques temps, rapporte le Washington Post, il était noté un « ramollissement » de sa position religieuse, avec une ligne de fracture entre extrémistes et « plus » modérés (si tant est que l’on puisse parler de salafistes modérés…).

C’est dans ce contexte qu’Ahram al-Cham a perdu au moins 47 de ses chefs, selon un dernier bilan, dans une mystérieuse explosion qui a soufflé la cave d’une maison où ils s’étaient réunis le 9 septembre, dans la province d’Idleb. Jusqu’à présent, ce qui apparaît comme ayant été un attentat n’a toujours pas été revendiqué.

D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme en Syrie (OSDH), une « bombe aurait été placée dans le couloir menant à la salle où étaient réunis les chefs du groupe qui sont morts soient par des éclats soit par étouffement car ils ne pouvaient pas quitter la pièce ».

Cet attentat supposé a donc coûté la vie à Hassan Abboud, alias Abou Abdallah al-Hamawi,  le chef d’Ahrar al-Cham, principale composante du Front islamique. Il a été immédiatement remplacé (un jour après) par un certain Hachem al-Cheikh (alias Abou Jaber), un rebelle passé par l’ASL. De même que le commandant militaire du groupe, avec la désignation d’Abou Saleh Tahane.

D’où certaines questions sur la disparition d’Hassad Abboud et de son état-major. Était-il enclin à s’éloigner du Front al-Nosra pour bénéficier d’une aide occidentale? L’hypothèse est crédible, d’autant plus qu’il en avait donné quelques signes ces derniers temps… En tout cas, selon Charles Lister, chercheur au Brookings Doha Center, il était « un obstacle majeur, empêchant les jeunes combattants d’Ahrar al-Sham de rejoindre al-Qaïda et même l’EI ». Et d’ajouter : « À en juger par l’identité des personnes tuées et la nature de celles qui restent en vie, il semblerait que la direction  d’Ahrar al-Sham ait perdu l’équilibre qui avait été atteint entre les modérés et les extrémistes, ces derniers étant maintenant dans une position dominante ».

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