Trois pirates somaliens condamnés pour l’attaque du voilier français Tanit

En avril 2009, des pirates somaliens s’attaquèrent à la Tanit, un voilier à bord duquel voyageait une famille française partie à l’aventure, au large de la Corne de l’Afrique. Comme l’année précédente pour le Ponant et le Carré d’as, deux navires français capturés dans la même région, il avait été décidé de faire intervenir les commandos marine pour libérer les otages.

Seulement, une intervention dans un milieu clos et aussi réduit comme peut l’être celui d’un voilier est très risquée. Malheureusement, le skipper du bateau, Florent Lemaçon, fut victime d’une balle française au cours de cette opération. Côté pirates, deux furent tués et trois autres faits prisonniers. Et leur procès a eu lieu cette semaine devant la cour d’assises de Rennes.

Poursuivis pour « détournement de navire par violence ou menace, arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire de plusieurs personnes commis en bande organisée », ces trois pirates, Mohamed Mahamoud, Abdelkader Osmane Ali et Mahamoud Abdi Mohamed, âgés de 26 à 31 ans, risquaient une peine de prison à perpétuité.

Pour leur défense, les trois hommes se sont présentés comme de simples « exécutants », poussés par la « misère » et la faim. Selon leurs affirmations, leur donneur d’ordres leur aurait proposé 100 dollars et du qat (la drogue locale). « J’avais besoin d’argent », a expliqué Abdelkader Osmane Ali. Quant au « travail » qui lui était offert, « c’était « comme braquer une banque ». Et d’ajouter, avant de demander pardon aux victimes : « J’étais engagé pour aller prendre en otage un bateau et le ramener au port ».

Au terme des audiences, le parquet a requis à leur encontre, le 18 octobre, une peine de « 10 à 12 ans » de réclusion. « On ne peut pas nier que leur volonté était de détourner le navire et de prendre des otages », a fait valoir l’avocat général, Brigitte Ernoult-Cabot, en soulignant que « jusqu’à l’assaut, ils ont conservé leurs armes à proximité ». En outre, la thèse d’un « recrutement forcé » n’a pas été retenue, le magistrat ayant estimé qu’ils avaient « l’argent facile » pour motivation.

Finalement, ces trois pirates somaliens ont été condamnés chacun, après 2H30 de délibérations, à 9 ans de prison ferme.

Quoi qu’il en soit, ce procès a permis de préciser certains éléments de l’opération des commandos marine. Appelé à témoigner, l’ancien ministre de la Défense, Hervé Morin, a ainsi avancé qu’une rançon avait été proposée aux pirates lors des négociations ainsi qu’un échange entre Chloé Lemaçon, la femme du skippeur, et son fils Colin, contre un militaire. La jeune femme a expliqué qu’elle avait refusé de quitter le voilier.

Dans ces conditions, étant donné qu’il ne fallait empêcher la Tanit d’atteindre la côte, l’opération commando fut décidée par le président Sarkozy, à l’issue d’un conseil restreint composé des ministres concernés.

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