Les jihadistes somaliens se déchirent

Visiblement, les jihadistes des milices somaliennes shebabs, liés à al-Qaïda, ont du mal à s’entendre sur la stratégie de leur mouvement. Ce qui donne lieu à des dissidences que leur chef, Ahmed Abdi Godane, n’hésite pas à régler par la force.

Ainsi, deux responsables historiques des shebabs, qui figuraient même parmi les membres fondateurs, ont été tués dans des conditions qui restent encore à éclaircir. En tout cas, une chose est sûre, le porte-parole du mouvement jihadiste a annoncé leur mort, le 29 juin.

Les deux chefs en question sont Abdul Hamid Olayhi et Ibrahim Jama Mead. Ce dernier, surnommé El-Afghani, était recherché par les Etats-Unis, qui avaient mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars. En conflit ouvert avec la direction des shebabs, Ahmed Abdi Godane avait ordonné de les arrêter.

Selon leurs proches, les deux dissidents auraient été finalement capturés, puis exécutés. Cette version a été démentie par le chef des Shebabs, lequel a affirmé qu’ils avaient été tués en résistant à leur arrestation.

Plutôt que de subir les foudres de Godane, un troisième responsable jihadiste, le Cheikh Assan Dahir Aweys, a quant à lui préféré se rendre, le 26 juin, aux autorités de la province de l’Himan et Heeb, une région connue pour être un repaire des pirates somaliens et qui échappe encore au contrôle de Mogadiscio.

A priori, quelques jours plus tôt, les troupes de Godane ont attaqué celles de Cheikh Aweys à Barawe, un port situé dans le sud de la Somalie ainsi que les fidèles d’un autre chef shebab, Mukhtar Robow, dont le sort est pour le moment inconnu. Ce dernier est aussi recherché par les Etats-Unis, qui ont mis 5 millions de dollars sur sa tête.

Quant à Aweys, il est une figure des jihadistes locaux. Passant pour être un fin stratège, il est un ancien colonel de l’armée somalienne, par ailleurs vétéran de la guerre Ethio-somalienne de 1977-78. Lors de la guerre civile commencée en 1991, il avait pris la tête de la milice islamiste Al-Itihaad al-Islamiya (AIAI), puis de l’Union des tribunaux islamiques (UTI) qui furent défaits par l’armée éthiopienne en 2006.

Réfugié en Erythrée, il avait fini par revenir en Somalie en prenant le commandement du mouvement Hizb al-Islam. Ce dernier fusionna, en 2010, avec les shebabs, des miliciens issus de la frange la plus radicale de l’UTI.

Les raisons de cette dissidence au sein de la milice sont liées en partie à la personnalite de leur chef suprême. Il est en effet reproché à Godane, dont la tête vaut 7 millions de dollars pour Washington, d’avoir un comportement trop brutal et de ne pas hésiter à s’en prendre aux musulmans qui ne partagent pas sa vision de l’islam. La stratégie de cette mouvance est également contestée. En cause, son allégeance à al-Qaïda et à son chef, Ayman al-Zawahiri, et donc, la participation des shebabs au jihad mondial.

Depuis 2011, l’organisation jihadiste a perdu l’essentiel de ses bastions, grâce notamment à l’intervention en Somalie des troupes éthiopiennes et kényanes, alors venues prêter main-forte à l’AMISOM, la mission de l’Union africaine destinées à aider le gouvernement de transition somalien à reprendre le contrôle du pays. Désormais, les shebabs, qui restent toutefois maîtres des régions rurales, se livrent à des actions de guérilla ainsi qu’à des attentats suicides.

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