L’Allemagne renonce au drone HALE Euro Hawk

Initialement, les forces aériennes allemandes attendaient 5 drones HALE (Haute Altitude Longue Endurance) Euro Hawk SIGINT (SIGnals INTelligence) System, une version modifiée du RQ-4 Global Hawk du constructeur américain Northrop Grumman. En juillet 2011, parti des Etats-Unis, le premier exemplaire était arrivé à Machning, en Allemagne.

Avec un premier contrat de 508 millions d’euros attribué en janvier 2007 par Berlin pour le développement de cet appareil, Cassidian (EADS) et Northrop Grumman avaient créé la co-entreprise EuroHawk Gmbh, détenue à parts égales par les deux industriels.

L’Euro Hawk était alors appelé à remplacer les avions Bréguet Atlantic SIGINT de la Bundeswehr, lesquels ont été retirés du service en 2010. Ses différents capteurs visant à détecter les sources d’émissions radar et à intercepter les télécommunications, devaient être fournis par Cassidian.

Tout allait (presque) bien jusqu’en janvier dernier. Un budget de 500 millions d’euros était prévu pour l’acquisition des 4 autres Euro Hawk restants et 40 millions d’euros avaient été investis pour moderniser leur future base d’accueil, en l’occurrence celle de Jagel, dans le nord de l’Allemagne.

Sauf que, un problème de taille est apparu : la certification de l’appareil devant lui permettre de voler dans l’espace aérien européen. En mars dernier, l’idée d’une annulation du programme avait même été avancée par Thomas Kossendey, le secrétaire d’Etat allemand à la Défense, l’obstacle étant alors jugé insurmontable étant donné que Northrop Grumman aurait refusé de livrer la documentation technique nécessaire pour passer cette étape essentielle.

Du coup, ce qui était envisagé il y a deux mois est devenu réalité : le ministère allemand de la Défense a jeté l’éponge. « Nous n’avons aucun espoir que l’appareil de reconnaissance obtienne la certification », a-t-il expliqué, ce 14 mai. L’Euro Hawk « ne peut être certifié sans des dépenses considérables », a-t-il également affirmé. Il serait question de surcoûts d’un montant proche de 500 millions d’euros… mais aussi d’une perte capacitaire en matière de renseignement.

Selon la presse d’outre-Rhin, l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) aurait indiqué qu’elle ne certifierait ce drone uniquement pour le survol d’étendue désertique (océan, banquise) mais pas pour celui de zones habitées, dans la mesure où l’appareil n’est pas équipé d’un système anticollision.

Récemment, il avait été avancé que l’Allemagne souhaitait acquérir des drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) MQ-9 Reaper auprès du constructeur américain General Atomics. Puis, il a été finalement fait état de discussions avec Israël portant sur l’achat de Heron TP. Ce revirement est-il dû à cette mésaventure avec l’Euro Hawk? Toujours est-il que l’on ne connaîtra le nom de l’appareil choisi qu’après les prochaines élections législatives allemandes, en septembre prochain.

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