Un avion RF-4E turc abattu par la défense aérienne syrienne

Le 22 juin, un avion RF-4E « Phantom II » de l’armée de l’air turque a décollé de la base aérienne de Malatya, qui, située dans la région de l’Anatolie oriental, accueille le VIIème commandement de combat aérien.

A précisément 11H58, l’appareil a disparu des écrans radar alors qu’il se trouvait au sud-ouest de la province turque de Hatay et à 15 km au large de la ville syrienne de Lattaquié.

Dans la foulée de cette annonce, le chaîne de télévision libanaise al-Manar, qui appartient au Hezbollah, le mouvement chiite, a indiqué que l’appareil turc avait été abattu par la défense anti-aérienne syrienne.

Ce qu’a implicitement confirmé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, alors interrogé dans l’avion qui le rament du sommet Rio+20, en affirmant que « des excuses étaient arrivées de manière très sérieuses de Syrie en lien avec cet événement, que la Syrie avait fait part de sa grande tristesse et du fait qu’il s’agissait d’une erreur. »

Plus tard, ses services du Premier ministre turc ont indiqué, par voie de communiqué et à l’issue d’une réunion de crise avec les responsables militaires du pays, qu' »après évaluation des données (…), on comprend que notre avion a été abattu par la Syrie. » Et le document d’ajouter que « la Turquie fera connaître son attitude définitive et prendra avec détermination les mesures qui s’imposent quand toute la lumière sera faite sur cet incident. »

Quant au sort de l’équipage de RF-4E Phantom II, il reste incertain. Quatre navires de la marine turque épaulés par des hélicoptères ont été mobilisés pour le retrouver. Si Ankara n’a pas donné de détails au sujet de la mission de cet appareil, son type, qui a été précisé par la presse turque, suggère qu’il effectuait un vol de reconnaissance.

Du côté de Damas, un porte-parole de l’armée syrienne a déclaré, selon la Syrian Arab News Agency, que les radars avaient détecté une « cible non identifiée » ayant pénétré l’espace aérienne de la Syrie à « grande vitesse et basse altitude ». « La défense anti-aérienne a alors reçu l’ordre d’ouvrir le feu » a-t-il ajouté.

Après avoir été marqué par de bonnes relations, le climat entre Ankara et Damas s’est tendu depuis la contestation du régime de Bachar el-Assad. Et cet incident n’arrangera certainement pas les choses, d’autant plus que Recep Tayyip Erdogan avait menacé, en avril dernier, d’invoquer l’article 5 du traité de l’Otan pour protéger la frontière turque après des tirs syriens.

Cela étant, il reste à déterminer où précisément l’avion a été abattu. S’il a été au-dessus des eaux internationales, la situation entre Ankara et Damas pourrait devenir explosive… Cependant, le président turc, Abdullah Gül, a émis l’hypothèse selon laquelle le F-4 aurait pu violer l’espace aérien syrien. « Quand vous pensez à la vitesse des jets lorsqu’ils volent au dessus de la mer, il est courant qu’ils passent et repassent les frontières pour un court laps de temps », a-t-il en effet déclaré, selon l’agence. « Ce sont des choses non intentionnelles, qui se produisent en raison de la vitesse des avions » a-t-il ajouté.

Par ailleurs, la disparition du F-4 turc vient au lendemain de révélations faites par le New York Times, selon lesquelles la CIA opère dans le sud de la Turquie afin d’aider à acheminer des armes à l’opposition syrienne, ce qui confirmait d’autres informations du Wall Street Journal qui affirmait, la semaine passée, que l’agence de renseignement américaine et le département d’Etat travaillaient avec les pays du Golfe pour faire passer de l’armement en Syrie.

Toujours selon le New York Times, ces armes, financées par la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, passent par un circuit compliqué d’intermédiaires. Pour les Etats-Unis, la présence de personnels de la CIA sur place permet d’éviter que ces équipements ne tombent entre les mains de réseaux qui se réclament d’al-Qaïda.

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