Le contrat Gripen continue de faire des vagues en Suisse

En novembre 2011, Berne annonçait sa décision d’acquérir 22 avions de combat Gripen du constructeur suédois Saab afin de remplacer les F-5 Tiger actuellement en service au sein des forces aériennes suisses.

Depuis, ce choix est sous le feu des critiques, émises d’une part par ceux qui ne veulent pas entendre parler d’achat de nouveaux avions de combat et, d’autre part, par ceux qui aurait souhaité un appareil autre que le Gripen.

En février, la presse suisse a publié des bonne feuilles du rapport d’évalution des trois appareils en compétition dans le cadre de cet appel d’offres. Et il s’est avéré que le Gripen était le moins bon avion en lice, étant précédé par le Rafale et l’Eurofighter. Pire même : il est estimé dans le document que son « efficacité globale » restait « insuffisante pour remporter la supériorité aérienne lors des menaces futures, au-delà de 2015 » et qu »il restait « incapable d’atteindre les capacités minimales pour tous les types de missions examinées ».

Cela étant, le conseiller Ueli Maurer, en charge du dossier, a assuré que la version du Gripen que doit acquérir la Suisse sera en mesure de remplir toutes les missions qui lui seront demandées. Sauf qu’elle reste à développer. « Je me fais du souci; le risque technologique est trop grand; j’ai peur qu’on se retrouve dans l’impasse, avec des énormes dépassements de coûts, ce qui aboutirait à un scandale encore plus grand » confiait, à ce sujet, il y a peu, un haut responsable de l’armée hélvètique au quotidien Le Matin.

Entre-temps, Dassault Aviation a soumis une nouvelle proposition, portant cette fois sur 18 appareils – amplement suffisant pour les besoins suisses – pour le même prix que les 22 Gripen. Et une sous-commission parlementaire a été chargée de faire la lumière sur les conditions d’attribution du contrat à Saab.

L’on en était resté là jusqu’aux dernières informations publiées par les quotidiens 24 Heures et la Tribune de Genève. Ainsi, selon ces journaux, les Gripen E/F seraient assemblés en Suisse, par RUAG, l’industriel de l’armement appartenant à la Confédération. Et cela aurait pour conséquence de faire grimper la note de 250 millions de francs suisses, ce qui correspond au coût nécessaie pour installer les chaînes de montage.

« Investir 250 millions pour une chaîne d’assemblage ‘one shot’ est surprenant. Une fois les vingt-deux avions montés, cet investissement n’aura pas de prospective » a commenté un industriel, qui a souhaité gardé l’anonymat, aux deux quotidiens.

Qui plus est, RUAG raflerait les 1,7 à 2 milliards de francs suisses de montants compensatoires, prévus dans le cadre du contrat. Autrement dit, pour la presse suisse, l’achat du Gripen serait un « plan de relance déguisé » destiné à aider RUAG, qui, malgré un bénéfice en hausse (mais un chiffre d’affaires en baisse) enregistré en 2011 est en difficulté.

« La vraie raison du choix du Gripen se trouverait là, et c’est ce qui expliquerait son repêchage miraculeux lors des évaluations en vol par l’armée de l’air » écrit 24 Heures, dont les informations n’ont cependant pas été confirmées l’industriel public.

« Si le choix du Conseil fédéral est confirmé, RUAG étrennera la construction du Gripen E/F, un modèle qui n’a jamais été produit en série. La Suède veut attendre 2020 pour moderniser sa flotte de Gripen, tandis que la Suisse vise 2015-2016 pour toucher ses appareils. Un calendrier qui inquiète les parlementaires : de toute évidence, le risque est en Suisse » peut-on encore lire dans ses colonnes.

Par ailleurs, le Conseil fédéral étudie la possibilité d’avoir recours à un financement spécial pour payer les nouveaux avions de combat. Jusqu’à présent, il était question de réaliser des économies dans d’autres secteurs. Seulement, rien n’est dit d’où proviendrait l’argent nécessaire.

Le parti UDC a cependant eu une idée : imposer une « taxe militaire » aux étrangers domicilés en Suisse ainsi qu’aux travailleurs frontaliers, ce qui permettrait de récupérer entre 400 et 430 millions de francs suisses par an. Selon Hans Kaufmann, qui a déposé une motion allant dans ce sens, « les étrangers doivent participer aux coûts de l’armée, car elle garantit leur sécurité ». Seulement, cette mesure ne fait pas l’unanimité.

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