Afghanistan : La contre-offensive des taliban par le terrorisme

Le drapeau afghan flotte sur Marjah depuis le 25 février. Près de deux semaines après le début de l’opération Mushtarak, la résistance aussi sporadique que farouche des taliban a fini par céder devant les 15.000 soldats des forces afghanes et de l’Otan. Pour autant, si l’objectif de reprendre les districts de Marjah et de Nad Ali a été atteint, le plus difficile reste à faire.

En effet, il s’agit mener à bien des projets de développement économique et de convaincre ainsi la population civile locale qu’elle a plus à gagner en soutenant le gouvernement afghan que l’administration parallèle établie par les taliban dans cette région du Helmand, au sud de l’Afghanistan. Comme ils l’avaient fait lors d’opérations précédentes, les insurgés n’ont pas résisté « jusqu’à la mort » comme ils l’avaient affirmé avant le début de l’opération Mushtarak.

En infériorité numérique, ils ont préféré se fondre parmi les habitants ou fuir la zone de combat. Nul doute que les mois qui viennent risquent d’être marqués par des attentats commis avec des engins explosifs improvisés ou encore des embuscades.

Toujours est-il que la présence massive des forces alliés dans ce qui était un de leurs bastions constitue pour les taliban, du moins pour le moment, une défaite. D’autant plus que Marjah et de Nad Ali revêtaient une importance toute particulière pour eux étant donné ces districts sont un haut-lieu de la production d’opium en Afghanistan, laquelle leur assure une partie de l’agent dont ils ont besoin pour mener leurs opérations insurrectionnelles.

Par ailleurs, la choura de Quetta, dirigée par le mollah Omar, a subi de graves revers au cours de ces derniers jours. Jusqu’à présent accusé de faire le jeu des taliban afghan, qu’il avait aidé à s’emparer du pouvoir à Kaboul dans les années 1990, le Pakistan a en effet donné des signes d’un éventuel changement de stratégie en permettant l’arrestation de plusieurs dirigeants insurgés.

Ainsi, Abdul Ghani Baradar, le chef militaire du mouvement taleb et ancien vice-ministre de la Défense du mollah Omar de 1996 à 2001, a été pris à Karachi, « par hasard » selon le New York Times. Cette capture est loin d’être anodine car c’est à ce responsable qu’est attibué la tactique des insurgés, basée sur l’emploi généralisé des engins explosifs improvisés à l’origine des principales pertes enregistrées par l’Otan en Afghanistan. C’est également lui qui assurait la coordination des opérations talibanes dans les provinces de Kandahar, Nimroz, Zaboul, Helmand et Ourouzgan.

Relation de cause à effet ou pas, toujours est-il que l’arrestation de Baradar a été suivie par celle du mollah Kébir, un haut responsable militaire pour l’est afghan. Son interpellation a eu lieu à Nawshera, dans le nord-ouest du Pakistan. Ayant toujours eu de bonnes relations avec l’Inter Intelligence Service (ISI), les services de renseignement pakistanais, sa capture est sans doute un signe supplémentaire du revirement opéré par Islamabad à l’égard de la Choura de Quetta.

A ces arrestions s’joutent celles d’Abdul Salam et de Mir Mohammed, deux chefs taliban suspectés d’être des « gouverneurs fantômes » pour les provinces de Kunduz et de Baghlan, dans le nord de l’Afghanistan

Autre coup dur ayant frappé l’insurrection afghane : la mort, le 17 février, du frère de Siraj Haqqani, un commandant du réseau du même nom qui a su garder une certaine indépendance à l’égard du mouvement du mollah Omar, lors d’un raid mené par un drone américain dans la région de Dande Darpa Khel, près de la frontière afghane.

Pour tenter de reprendre la main, les taliban ont recours au terrorisme pour frapper les endroits à la fois symboliques et stratégiques, comme peut l’être la capitale afghane.Ainsi, une série d’attaques suicides ont été perpétrées, ce 26 février, à proximité du complexe hôtelier Park Residence et de la « zone verte », c’est à dire le quartier diplomatique et résidentiel au centre de Kaboul.

Selon le chef de la police de Kaboul, le général Abdul Rahman Rehman, un premier kamikaze a fait exploser une voiture piégée devant une résidence – l’Aria – pendant que deux autres prenaient position dans un bâtiment de Park Residence, lequel a été pris d’assaut par la police afghane. Les terroristes ont mis à feu les explosifs qu’ils portaient dès qu’ils se rendirent compte qu’ils ne pouvaient pas échapper aux policier. Le bilan de ces attentats est de 16 tués, dont un citoyen français de passage dans la capitale afghane.

Ces attaques ont été revendiquées par un porte-parole taleb, Zabihullah Mujahid, lors d’un appel téléphonique. Le 18 janvier dernier, une opération similaire avait visé un centre commercial, situé également dans le centre de Kaboul. Elles surviennent quelques jours après l’attentat suicide au cours duquel Zaman Ghamsharik, un influent chef tribal de la province de Nangarhar et ancien commandant local contre les Soviétiques dans les années 1980, a été tué avec 14 autres personnes, lors d’une choura, le 22 février dernier.

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