Associé à Airbus, Lockheed-Martin propose à l’US Air Force un avion ravitailleur A330 MRTT aux capacités accrues

En 2011, et après huit années marquées par maints rebondissements, le Pentagone annonçait son intention de commander 179 nouveaux avions ravitailleurs auprès de Boeing, aux dépens d’Airbus [EADS à l’époque] qui, alors associé à Northrop Grumman, avait la soumis la candidature de l’A330 MRTT [ou KC-45 outre-Atlantique].

Par la suite, il s’avéra que Boeing avait cassé les prix pour imposer son avion ravitailleur, à savoir le KC-46A « Pegasus », qui n’existait alors que sur la planche à dessins. Puis le constructeur américain dut prendre à sa charge plus de 5 milliards de dollars de surcoûts induits par les difficultés rencontrées lors du développement de son appareil.

Qui plus est, les premiers KC-46A furent livrés avec près de deux ans de retard. Et de nouveaux problèmes firent leur apparition, des « corps étrangers » ayant été découverts dans certains compartiments des avions reçus par l’US Air Force.

Puis neuf problèmes critiques furent identifiés, dont un concernant un système de caméra permettant de contrôler le transfert de carburant [Remote Vision System, RVS]. Désormais, et même si des progrès ont été accomplis, la pleine capacité opérationnelle du KC-46A est attendue pour 2023.

Cela étant, les 179 KC-46A commandés ne suffiront pas à remplacer tous les avions ravitailleurs de l’US Air Force. D’où l’avis de marché publié par le Pentagone en juin dernier, pour l’acquisition de 140 à 160 appareils supplémentaires, dans le cadre d’un nouveau programme appelé KC-Y.

En décembre 2018, et alors que Boeing se débattait avec les problèmes du KC-46A, Lockheed-Martin annonça avoir noué un partenariat avec Airbus pour « remédier aux déficits capacitaires identifiés et de satisfaire aux exigences des ravitailleurs de nouvelle génération, capables d’opérer dans les environnements complexes des futurs théâtres d’opérations ».

« La coopération des deux entreprises, basée sur l’A330 MRTT [Multi Role Tanker Transport] d’Airbus, doit permettre d’adresser un large éventail d’opportunités allant de besoins court terme en matière de ravitaillement en vol, par exemple sous forme d’une offre de services payants, à la conceptualisation du ravitailleur du futur », avancèrent alors les deux groupes.

Aussi, le 17 septembre, Lockheed-Martin a dévoilé le LMXT, c’est à dire son offre pour le programme KC-Y. Et sans surprise, elle repose sur l’A330 MRTT d’Airbus. Mais un A330 MRTT aux capacités accrues puisqu’il sera en mesure d’emporter 12 tonnes de carburant en plus par rapport à ceux déjà exploités par pluseurs forces aériennes [dont l’armée de l’Air & de l’Espace, qui a récemment reçu son cinquième exemplaire, ndlr].

« Lockheed Martin a une longue et fructueuse expérience dans la production d’avions pour l’US Air Force, et nous comprenons le rôle essentiel que jouent les ravitailleurs dans la réussite totale des missions des forces américaines », a fait valoir Greg Ulmer, vice-président exécutif de Lockheed Martin Aeronautics. « Le LMXT combine des performances éprouvées et des capacités spécifiques pour répondre aux besoins de ravitaillement de l’US Air Force, à l’appui de la stratégie de défense nationale américaine », a-t-il ajouté.

D’ailleurs, Lockheed-Martin ne doute pas : le LMXT sera « le prochain avion ravitailleur américain, construit en Amérique, par des Américains, pour des Américains ». Cela étant, le groupe n’a pas précisé où les A330 MRTT seraient assemblés, dans le cas où son offre serait retenue par le Pentagone.

Selon les détails livrés par Lockheed-Martin, le LMXT pourra aisément s’intégrer dans le réseau JADC2 [Joint All-Domain Command and Control] et servir de relai de communication. Il sera doté du système de ravitaillement en vol automatisé [A3R, pour Air-to-air refuelling] dont, selon Airbus, la phase de certification est en cours.

L’appel d’offres devrait être officiellement lancé par le Pentagone en 2022. Et, comme il y a dix ans, il se jouera donc entre l’A330 MRTT et le KC-46A, Boeing n’ayant certainement pas encore dit son dernier mot.

Photo : Lockheed Martin / Brandon Stoker

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