Terrorisme : L’Union européenne décide l’envoi d’une mission militaire de formation au Mozambique

L’envoi de militaire français au Mozambique afin d’y former les forces armées locales se précise. En effet, le 30 juin, l’Union européenne a décidé de mettre en place une mission de formation afin d’aider Maputo à combattre les jihadistes de l’État islamique d’Afrique centrale [ISCAP, ex-Ahlu Sunnah wal Jamaa, ndlr], actifs dans la province de Cabo Delgado, située dans le nord-est du pays. Et la France a fait part de sa disponibilité à y participer, au même titre que l’Espagne, l’Italie, le Luxembourg et, surtout, le Portugal, qui est à l’origine de cette initiative.

En janvier, et alors que les jihadistes venaient de multiplier les coups de main, comme avec la prise du port de Mocimboa da Praia [août 2020], la ministre des Armées, Florence Parly, avait affirmé lors d’une audition parlementaire que Paris cherchait à voir comment « appuyer, par de l’entraînement et de la formation, les forces armées [mozambicaines] ». Et de préciser qu’il était question de le « faire avec nos partenaires européens ».

Depuis, la situation sécuritaire de Cabo Delgado s’est encore dégradée, avec la prise de la ville de Palma par l’ISCAP. Ce qui met en péril l’exploitation de l’important gisement gazier d’Afungi, où le groupe français Total tient un rôle prépondérant.

En mai dernier, lors d’un déplacement en Afrique du Sud, le président Macron fit savoir que la Marine nationale pourrait intervenir au besoin. « Compte tenu de notre stratégie indo-Pacifique, nous avons de manière extrêmement régulière des frégates et différentes composantes de notre marine qui sont présentes dans la région et […] nous pourrions très rapidement réagir si cela était souhaité », avait-il en effet affirmé.

Cela étant, la semaine passée, et alors que de nouveaux combats venaient d’éclater entre les jihadistes et les forces mozambicaines près d’une usine à gaz située à Patacua, dans le district de Palma, la Communauté de développement de l’Afrique australe [SADC] a approuvé l’envoi de troupes au Mozambique. Il serait question d’un déploiement de 3’000 soldats. Cependant, le financement n’en est pas assuré pour le moment.

Jusqu’alors réticent à toute intervention étrangère [hormis celle des sociétés militaires privées russes et sud-africaines, ndlr], le président mozambicain, Filipe Nyusi, a salué l’annonce de la SADC.

« Les initiatives de soutien de la SADC sont un complément important à l’effort de notre pays pour faire face au terrorisme avec, en première ligne, nos forces de défense et de sécurité, qui assurent avec abnégation la souveraineté et l’intégrité territoriale, ainsi que la protection de la population », a-t-il affirmé, le 23 juin.

Ce soutien devrait donc être complété par celui de l’Union européenne, avec une mission calquée sur le modèle de l’EUTM Mali et de l’EUTM RCA. En mai, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, en avait précisé le principe.

« Nous envisageons de lancer une mission militaire de formation, comme celles que nous avons déjà établies dans plusieurs pays africains », avait-il dit. Et d’ajouter : « Nous devons répondre rapidement à la demande du Mozambique. Les procédures sont assez lourdes et nous devons les accélérer ».

Maintenant que la décision d’une telle mission est prise, encore faut-il qu’elle soit approuvée par les ministres des Affaires étrangères des 27 pays membres. Ce qui devrait être fait lors de leur prochaine réunion, prévue le 12 juillet. Les contributions seront ensuite précisées [c’est ce qu’on appelle la « génération de forces »]. Mais on sait déjà que le Portugal fournira la moité de l’effectif engagé. D’ailleurs, il a déjà envoyé des instructeurs au Mozambique.

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