Mer Rouge : Israël soupçonné d’avoir visé un navire utilisé par les Gardiens de la révolution iraniens

Dans la journée du 6 avril, la société de sécurité maritime britannique Dryad Global a rapporté qu’un incident venait d’avoir lieu à bord du Saviz, un cargo appartenant officiellement à la compagnie iranienne IRISL [Islamic Republic of Iran Sg Lines].

Par la suite, certains médias arabes ont évoqué l’hypothèse selon laquelle le navire aurait été la cible de « missiles » ou de « torpilles ». Sur les réseaux sociaux, des images prises par satellite suggérant la présence d’un sous-marin en mer Rouge ont été diffusées. Au regard de la taille de ce dernier, il a été avancé qu’il s’agirait d’un type 209/1400 égyptien ou d’un Dolphin israélien.

Cependant, l’agence de presse semi-officielle iranienne Tasnim a avancé que l’explosion à bord du Saviz « semblerait » avoir été provoquée par une mine patelle posée sur sa coque, sans donner plus de détails.

Le navire en question est particulier : il est en effet soupçonne d’être mis en oeuvre par les Gardiens de la révolution iraniens, qui l’utilisent comme plateforme de renseignement à proximité du détroit stratégique de Bab el-Mandeb. Et il accompagnerait les pétroliers et les cargos iraniens transitant par la mer Rouge, comme cela fut le cas pour le porte-conteneurs Share e Kord, qui, selon Téhéran, aurait été victime d’une attaque alors qu’il naviguait en Méditerranée orientale, en direction de la Syrie.

Depuis la fin de l’année 2019, a récemment affirmé le Wall Street Journal, Israël mène une campagne « clandestine » contre le trafic maritime entre l’Iran et la Syrie. Au total, une douzaine de navires iraniens, transportant du pétrole ou des armes, auraient été visés, comme le pétrolier Sabiti, atteint par des « missiles », selon Téhéran, alors qu’il naviguait dans la mer Rouge.

Cela étant, au cours de ces deux derniers mois, au moins deux navires israéliens ont à leur tour été visés par des attaques en mer d’Arabie. Le dernière s’est produite le 25 mars dernier, un « missile » ayant visé un porte-conteneurs de la société XT Management, assurant une liaison entre la Tanzanie et l’Inde.

Quant à l’explosion survenue à bord du Saviz, les autorités israéliennes n’ont fait aucun commentaire. Mais d’après le New York Times, qui cite un responsable américain, Israël a prévenu les États-Unis que ses forces avaient visé le navire iranien. Et d’ajouter qu’il s’agissait de « représailles » pour des attaques antérieures contre des navires israéliens et que le Saviz a été « endommagé sous sa ligne de flottaison ».

Toujours d’après le même responsable, il est possible que l’attaque contre le Saviz ait été retardée pour mettre une certaine distance entre le groupe aéronaval formé autour du porte-avions Dwight D. Eisenhower, qui a récemment transité par le canal de Suez pour rejoindre la mer Rouge.

Interrogé par une radio israélienne au sujet de ce qui est arrivé au Saviz, Ram Ben Barak, député et ancien directeur du Mossad, a dit « ne pas savoir si cette information est vraie ou non, mais si elle est correcte, alors il semble que quelqu’un veut faire savoir [aux Iraniens] que nous aussi nous savons comment causer des dégâts à des bateaux n’importe où et qu’ils devraient être prudents. »

Quoi qu’il en soit, s’il a été touché sous sa ligne de flottaison, alors le Saviz doit actuellement être dans une situation délicate…

Cela étant, près de 24 heures après les faits, Téhéran a officiellement réagi… en évoquant un « accident » et non une « attaque ».

Ainsi, selon le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh, le Saviz, présenté comme étant un « navire commercial », a été « légèrement endommagé en mer Rouge près des côtes de Djibouti mardi 6 avril vers 6 heures du matin, heure locale par une explosion dont l’origine fait l’objet d’une enquête. »

« L’accident n’a fait aucune victime, et des enquêtes techniques sont en cours pour en déterminer les circonstances et l’origine, et notre pays prendra toutes les mesures nécessaires par le biais des autorités internationales à cet égard », a ajouté M. Khatibzadeh.

Reste que le statut du Saviz est bien flou… Le porte-parole de la diplomatie iranienne a ainsi expliqué qu’il s’agit d’une « navire civil […] déployé dans la région de la mer Rouge et du golfe d’Aden pour assurer la sécurité » des voies de navigation dans ces zones », en « coordination avec l’Organisation maritime internationale. » Et « ce navire servait concrètement de station logistique – support technique et logistique – de l’Iran en mer Rouge », a-t-il dit.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]