Un officier de marine italien arrêté pour avoir tenté de transmettre des informations classifiées à la Russie

L’an passé, au moins une douzaine de diplomates russes ont été expulsés de pays appartenant à l’Union européenne pour espionnage. Et selon une source du Service européen d’action extérieure [SEAE] citée par le quotidien allemand Die Welt, la Russie aurait envoyé quelque 200 agents de renseignement à Bruxelles, siège de la plupart des institutions de l’UE et de l’Otan [la Chine fait mieux avec 250 espions…].

Encore récemment, la Bulgarie a annoncé le démantèlement d’un réseau d’espionnage de six personnes, lié au SVR, le service des renseignements extérieurs de la Russie. Selon le parquet de Sofia, plusieurs cadres du ministère bulgare de la Défense ont été arrêtés dans cette affaire « sans précédent depuis 1944 ». De même qu’un ancien attaché militaire, alors chargé des informations classifiées au Parlement.

Le chef des « Six de Sofia », surnommé le « Résident », serait un ancien du contre-espionnage bulgare, formé à l’école du GRU [renseignement militaire russe, ndlr] à l’époque du Pacte de Varsovie.

Et son épouse, de par sa double nationalité russo-bulgare, aurait ainsi transmis des renseignements classifiés sur l’Otan, l’UE et des équipements militaires [dont le F-16] à l’ambassade de Russie, en échange d’argent pour rémunérer les informateurs. Deux ressortissants russes ont été identifiés « pour avoir effectué une activité de renseignement non réglementée », a par ailleurs indiqué la justice bulgare.

Depuis, et alors que le président bulgare, Boïko Borissov, a appelé Moscou à « cesser d’espionner la Bulgarie », Sofia a expulsé les deux « diplomates » russes en cause. « Cette énième démarche sans fondement des autorités bulgares ne va pas contribuer au développement d’un dialogue constructif entre la Russie et la Bulgarie », a réagi la diplomatie russe.

Cela étant, le renseignement russe a recours à d’autres expédients « classiques », comme celui consistant à « convaincre » un responsable bien placé de travailler pour lui. En août 2020, un lieutenant-colonel français, décrit comme étant un pécialiste du monde russophone et affecté à l’Allied Joint Force Command de Naples, a été arrêté pour avoir transmis des informations sensibles à la Russie.

C’est aussi en Italie qu’un officier de la Marina militare – le capitaine de frégate Walter Biot, selon la presse transalpine – a été arrêté sous la supervision du contre-espionnage italien, en compagnie d’un officier russe à qui il remettait des documents « classifiés ».

L’opération « a visé un capitaine de frégate de la Marina militare et un officier accrédité auprès de l’ambassade de la Fédération de Russie, tous les deux étant accusés de graves délits concernant l’espionnage et la sécurité d’État », est-il précisé dans un communiqué de la gendarmerie italienne [les Carabiniers, ndlr]. « L’intervention a eu lieu au moment d’une rencontre clandestine entre les deux hommes, surpris en flagrant délit après la cession de documents classifiés par l’officier italien en échange d’une somme d’argent », y est-il ajouté.

D’après la presse, une somme de 5.000 euros devait être échangée contre des informations sur des systèmes de télécommunications militaires. Ce qui peut éventuellement concerner la France étant donné sa coopération dans ce domaine avec l’Italie, notamment avec les satellites Sicral 2 et Athena-Fidus. Les documents auraient été photographiés par l’officier de marine puis transférés sur une clé USB.

Âgé de 56 ans, le capitaine de frégate Biot a notamment servi à bord du porte-aéronefs Garibaldi. Au moment de son interpellation, il travaillait à l’état-major des forces armées italiennes.

Cette affaire n’a évidemment pas manqué d’avoir des répercussions diplomatiques. Ainsi, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a convoqué Sergueï Razov, l’ambassadeur de Russie en Italie. « Nous avons transmis la ferme protestation du gouvernement italien et notifié l’expulsion immédiate de deux fonctionnaires russes impliqués dans cette affaire très grave », a-t-il dit.

À Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a affirmé que la présidence russe ne disposait d’aucun élément sur cette affaire. « Nous espérons que le caractère positif et constructif des relations russo-italiennes […] sera préservé », a-t-il ajouté.

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