Frappes en Syrie : La France dit se tenir aux côtés de son « allié américain »

Le Pentagone a fini par donner des détails sur les frappes aériennes qu’il a effectuées, dans la nuit du 25 au 26 février, contre positions tenues en Syrie par des milices chiites irakiennes soutenues par l’Iran et accusées par Washington d’être impliquées dans une série d’attaques ayant visé les intérêts américains en Irak, dont l’ambassade des États-Unis à Bagdad.

Pour rappel, il s’agissait des premiers raids aériens autorisés par le président Biden depuis son entrée à la Maison Blanche. D’ailleurs, sa porte-parole, Jen Psaki, a affirmé que ce dernier avait ainsi envoyé un « message sans ambiguïté selon lequel il va agir pour protéger les Américains et quand il y a des menaces, il a le droit d’agir au moment et de la façon de son choix. »

Cela étant, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a ainsi indiqué que les frappes ont été effectuées par deux chasseurs-bombardiers F-15 de l’US Air Forces, lesquels ont largué sept bombes guidées ayant totalement détruti neuf bâtiments et endommagé deux autres. Selon lui, la position visée était un complexe « connu » pour faciliter les opérations des milices Kataëb Hezbollah et Kataëb Sayyed al-Chouhada, deux organisations membres de l’alliance Hachd al-Chaabi.

« Tous ces bâtiments se trouvaient au sein d’un complexe utilisé par ces groupes pour faciliter le transport vers l’Irak de ressources, de matériel, d’armes pour mener ces attaques », a assuré le porte-parole du Pentagone. « Nous voulons qu’il y ait un message de dissuasion, qui leur soit directement envoyé, sur les répercussions qu’ont les attaques contre nos hommes et nos partenaires irakiens sur nos bases en Irak », a-t-il ajouté.

Quant au bilan humain de ces frappes, il s’est refusé à la donner, affirmant que l’évaluation était toujours en cours. Cependant, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH] a parlé d’une vingtaine de tués dans les rangs de ces deux milices chiites.

Étant donné que les deux milices visées sont proches des forces gouvernementales syriennes, Damas a condamné le raid américain. « agression constitue un signe de mauvais augure concernant les politiques de la nouvelle administration américaine, censée adhérer à la légitimité internationale, et non à la loi de la jungle suivie par la précédente administration américaine », a réagi le ministère syrien des Affaires étrangères, mettant en garde contre une « escalade » dans la région.

Soutien de ces milices chiites irakiennes, ce qui lui a valu d’être tenu pour responsable par les États-Unis de toute attaque contre les intérêts américain en Irak, l’Iran a condamné les frappes « contre les forces irakiennes dans les zones frontalières » irako-syriennes, les estimant « illégales ».

Et, ce 27 février, la diplomatie iranienne a appelé Bagdad à « identifier les auteurs » des récentes attaques commises contre les intérêts américains et occidentaux. Ces dernières sont « suspectes et pourraient avoir été planifiées avec l’objectif de porter atteinte aux relations irano-irakiennes et à la stabilité de » l’Irak, a ainsi déclaré Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères… Ce qui sous-entend qu’il s’agirait d’opérations menées sous faux drapeau… Mais rien ne permet de le dire.

Soutien indéfectible de Damas, comme l’Iran, la Russie a également dénoncé les frappes américaines. « Nous condamnons fermement de telles actions et appelons au respect sans condition de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie. […] Nous réaffirmons notre rejet de toutes les tentatives de transformer la Syrie en arène pour régler des comptes sur la scène géopolitique », a déclaré Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

De son côté, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déploré le fait que les forces russes présentes en Syrie n’ont été averties que « quatre ou cinq minutes » avant le raid américain. « Ce genre d’avertissement ne sert à rien quand les frappes sont déjà en cours », a-t-il dit. En outre, il a également suggéré que, désormais, les États-Unis n’avaient plus l’intention de se retirer de Syrie. « Ils [les Américains] auraient pris la décision de ne pas partir de Syrie [… jusqu’à l’effondrement du pays. […] C’est très important pour nous de comprendre quelle sera la ligne stratégique des États-Unis sur le terrain et dans la région », a-t-il affirmé.

Quoi qu’il en soit, s’agissant des membres de la coalition anti-jihadiste au Levant, la France a dit soutenir le raid américain contre les milices chiites.

« La France a pris connaissance des frappes ciblées conduites la nuit dernière par les Etats-Unis dans l’est de la Syrie, en réponse aux très graves attaques conduites ces derniers jours contre plusieurs sites de la Coalition internationale contre Daesh en Irak, notamment à Erbil le 15 février », a en effet réagi le ministère français des Affaires étrangères, via un communiqué. « Face à ces attaques inacceptables et que nous avons fermement condamnées, nous nous tenons aux côtés de nos alliés américains », a-t-il ajouté, tout en appelant à la « désescalade régionale ».

Outre-Manche, le Foreign Office n’a pas publié de communiqué… En revanche, son patron, Dominic Raab, a assuré, via Twitter [qui devient de plus en plus un canal officiel…], que le Royaume-Uni « soutient la réponse ciblée des États-Unis contre les milices qui attaquent les bases de la coalition dans le but de déstabiliser la région. »

Pays concerné les discussions sur l’avenir de l’accord sur le programme nucléaire iranien [PAGC], l’Allemagne n’a – sauf erreur – rien dit au sujet du raid américain. Pourtant, elle avait condamné, comme la France et le Royaume-Uni, les attaques commises contre les intérêts occidentaux en Irak.

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