Pour la seconde fois en quelques jours, les Rafale français frappent une position de Daesh en Irak
Lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, avait dit constater une « remontée en puissance de Daesh » au Levant, avec une « relance » de ses « activités dans la moyenne vallée de l’Euphrate et dans la région de la Badiya, en Syrie, et dans la région de Kirkouk en Irak. »
Il faut dire que les récents évènements au Levant ont joué en faveur de l’État islamique [EI ou Daesh], avec l’intervention turque contre les Forces démocratiques syriennes [FDS] dans le nord-est de la Syrie, les tensions entre les milices chiites irakiennes et les forces américaines, le contexte politique à Badgad et l’épidémie de Covid-19.
Aussi, la coalition anti-jihadiste [opération Inherent Resolve – OIR] cherche à maintenir la pression sur les jihadistes. Le 17 mai, dans la province syrienne de Deir ez-Zor, elle a appuyé les FDS lors d’une opération ayant permis d’éliminer deux dirigeants de Daesh, dont Abu Ali al-Baghdadi [alias Ahmad ‘Isa Ismail Ibrahim al-Zawi], responsable de la diffusion les directives du commandement de Daesh dans la région du nord de Bagdad, et Abou Amar [alias Ahmad ‘Abd Muhammad Hasan al-Jughayfi], un logisticien de l’organisation terroriste.
La coalition « continue de soutenir » les forces partenaires en Irak et en Syrie avec des conseils, du partage de renseignements et un appui aérien afin d' »empêcher la réapparition » de Daesh, a fait valoir le communiqué publié par l’OIR.
S’agissant du soutien aérien, il est compliqué d’avoir une idée précise de son ampleur, les données publiées par la coalition n’étant pas fréquemment mises à jour, le décompte s’étant arrêté au mois de mars. En janvier, 8 frappes contre Daesh avaient été réalisés. Puis 18 en février et 28 autres en mars. Sauf erreur, les Rafale de la force Chammal n’en ont effectué aucune durant cette période.
En revanche, ce mois-ci, deux Rafale ayant décollé de la base H5 [Jordanie] ont détruit, le 12 mai, une position de Daesh [soit un bâtiment servant de lieu de repli, encore appelé « bed down location »] située à l’ouest de Kirkouk, dans le cadre d’une « opération de contrôle de zone planifiée par les forces de sécurité irakiennes. » Et les avions de l’armée de l’Air ont procédé à une seconde frappe, une semaine plus tard.
Cette fois, deux des quatre Rafale de la 4e Escadre, arrivés le 7 mai à la base aérienne projetée [BAP H5] en Jordanie, ont « détruit l’entrée d’une grotte caractérisée comme Bed Down Location par les combattants de Daesh, dans un de leur sanctuaire au sud-est de Mossoul », indique l’État-major des armées [EMA], ce 28 mai.
Comme lors de la précédente mission, l’un des Rafale a largué une bombe AASM [air-sol modulaire] SBU-38 en mode propulsé. Ce qui permet, explique l’EMA, de la « délivrer à une plus grande distance de l’objectif ».
La SBU-38 « Hammer » est à guidage inertiel/GPS. Une fois les coordonnées de la position à détruire saisie, le guidage inertiel permet à cette munition d’atteindre sa cible sans avoir nécessairement recours au GPS [surtout si ce dernier est indisponible]. Son propulseur lui donne une portée supérieure à 60 km, ce qui lui permet d’être tirée à distance de sécurité.
L’usage du mode « propulsé » signifie-t-il qu’il existe une menace anti-aérienne particulière? A priori non. « L’AASM est un atout redoutable pour la coalition. Sa capacité de propulsion nous offre des modes d’actions innovants. Nos ennemis se cachent au moindre bruit. Le tir de loin crée la surprise et prive l’ennemi de sanctuaire », explique le colonel Benjamin S., le commandant de la base H5.
Si les Rafale ne sont pas assez discrets pour du tir de GBU, et doivent alors tirer de l’AASM de plus loin pour palier à cela,
alors cela voudrait dire qu’il est bien dommage que nous n’ayons pas quelques Reaper aussi à H5 (en plus de ceux de Niamey).
Car un Reaper + GBU est forcément plus discret qu’un Rafale (visuellement et acoustiquement) … il aurait aussi un playtime plus long sur zone (pas inutile pour l’observation et la recherche de cibles d’opportunités) … et son emploi serait également moins onéreux.
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Bref, pour ce terrain là (Syrie-Irak), il est dommage que l’on ne puisse pas bénéficier aussi de la même complémentarité « Reaper+Pointu » qu’à Niamey.
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Cela permettrait peut-être aussi de mettre en oeuvre un peu moins de Rafale depuis H5.
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D’ailleurs, qqun sait-il combien de rafale sont basés sur H5 en ce moment ? 6 ? 4 ?
(sachant qu’il y a aussi ceux des EAU).
@fra
A H5 il y a 4 Rafale en permanence, un transall Gabriel et un ATL2. Jusqu’à fin 2019 2 des 4 Rafale étaient des B (biplace).
H5 est très bien placée pour le syrak. Pour 3 heures de ‘playtime’ sur théâtre, un rafale décollant de H5 doit faire en tout 4h30 de mission. S’il vient de la BA104 EAU, pour les mêmes 3 h de playtime sa mission durera en tout 7h30.
Par ailleurs c’est une grosse plaque tournante logistique : il y a 2 vols A400m par semaine.
Une idée sur le côté « base secrète qu’on a l’air de partager tous quand on parle de « H5 »?…Pourquoi ne pas la désigner pour ce qu’elle est , depuis le temps que des éléments français y sont stationnés ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Base_a%C3%A9rienne_Prince-Hassan
AASM, cout unitaire : +350’000 euros.
Vos sources ??
https://fr.wikipedia.org/wiki/Armement_air-sol_modulaire
=> 167k€, sans précision de la version.
Je doute qu’on ait le vrai prix du joujoux. Ces données doivent être relativement confidentielles. De plus vu le nb utilisé ces derniers temps les coûts doivent baisser
Oui oui, il me semble que le coût est beaucoup moins élevé désormais, en dessous de 100 000€ je crois mais je ne me souviens plus de la source…
Et alors?
Et donc ? C’est trop cher pour votre porte-monnaie…? Désolé… Mais ce débat a eu lieu mainte et mainte fois sur ce blog concernant le coût des opérations… Une guerre coûte chère… Et j’avoue que je n’ai aucun état d’âme à ce que mes impôts financent une partie de l’effort de guerre de la France contre l’obscurantisme. Je préfère cela que d’avoir un jour à défendre ma famille et ma maison avec ma b… et mon couteau contre les lislamistes…
C’est bien, vous avez bien retenu votre leçon, vous pouvez continuer à payer des impôts.
et part cette remarque… votre avis ?
honneur@
Bizarre, j´ai pourtant la nette impression que la France en fait plus à l´ exterieur de ses frontières que
dans son pré carré en ce qui concerne l´islamisme !
Me trompe-je ?
relisez ce que j’ai ecris… je dis pas forcément l’inverse de vous… idéalement, il faudrait gérer les 2 aspects en parallèle… mais la volonté politique intérieure manque… mais sans l’éradication de daesh… où serions nous d’après vous ?
@eff
Il est évident que ce produit n’est pas cadeau… mais d’un autre côté, fermer l’entrée d’une grotte en 1 passe et avec 1 bombe, ça marque plus les esprits des survivants..
( ceux qui étaient dehors), que larguer plusieurs bombes lisses qui ont peu de chance de faire mouche.
C’est la réflexion que je me faisais aussi.
Maintenant quel est le coût d’un attentat chez nous ou le coût d’une année de prison multiplié par x djihadistes ?
Au moins ça fait de l’entraînement, du combat proven…
@eff
A votre avis, combien coûte le déploiement de 4 Rafale et de toute l’infrastructure de H5 sur l’année entière ?
Si vous vous arrêtez au simple prix d’achat de l’AASM, votre raisonnement démarre mal.
En fait, le coût de l’AASM, c’est peanuts en rapport avec le coût d’ensemble.
Et comme le coût de l’ensemble n’est justifié que pour permettre à la France de tirer nos bombes selon notre propre analyse et notre propre bon vouloir,
alors, après avoir assumé 99% des frais par ailleurs, s’interdire de tirer un AASM parceque cela coûte 167.000€/pcs (ou un peu plus),
c’est comme s’acheter un Ferrari, la beau garage qui va avec, … et s’interdire de rouler parceque 1 litre d’essence c’est trop cher …
Bref, vous devriez plutôt regarder les choses différemment.
Comment fait-on pour s’assurer à 60 km avec ce genre de munition autonome qu’on a bien atteint et détruit la cible ? Sinon c’est un communiqué de presse à 350 kEur…
Ben on envoie quelqu’un vérifier en l’air ou au sol. Une bonne partie de l’aviation, ce sont ces vols pour vérifier l’efficacité des frappes.
« On » se rapproche !
Une fois que l’effet de surprise recherché est atteint, rien n’empêche d’aller voir de plus près . . .
C’est bien, nous tenons parole auprès des Irakiens… mais ces derniers n’ont’ils pas reçu des F16 dernièrement?? A moins que les pilotes ne soient aux states en formation… où sont ces F16, et quel est leur rôle?
On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
C’est bien, nous tenons parole auprès des Irakiens… mais ces derniers n’ont’ils pas reçu des F16 dernièrement?? A moins que les pilotes ne soient aux states en formation… où sont ces F16, et quel est leur rôle? »
Les F-16C/D Block52 irakiens (IQ) disposent du radar Raytheon AN/APG-68 (V)9 à antenne mécanique. L’armement comprend les missiles air-air AIM-9L/M-8/9 et AIM-7M-F1/H «Sparrow», missile air-sol AGM-65D/G/H/K Maverick, ainsi que des bombes à guidage laser de types : GBU-10 «Paveway II», GBU-24 «Paveway III» ainsi que des Mk 82 et 84. La nacelle sélectionnée est l’AN/AAQ-28 «Litening» (de première génération) et la nacelle de reconnaissance F-9120 (AARS). Les F-16 irakien disposeront du système de guerre électronique AN/ALQ-211 « ACES » couplé au lance-leurres AN/ALE-47. La motorisation choisie concerne le Pratt & Whitney F100PW-229. On notera au passage que les équipements (radar et des missiles) qui frôlent l’obsolescence à la mise en service. Pour les missiles I.R. il s’agit d’anciennes versions de même pour ceux à guidage E.M. Le Sparrow a de l’âge est n’a pas grand chose à voir avec l’A.M.R.A.M.M. D’ailleurs les AIM 120 n’ont pas été fourni par les U.S. Et vu l’ambiance plutôt « tiède » avec les autorités irakiennes suite à l’élimination du général iranien Qassem Soleimani les Américains ont décidé de « geler » les dernières livraisons de F16. Combien volent aujourd’hui? Probablement pas beaucoup car il ne serait pas étonnant que Washington ait décidé de mettre en « stand by » la livraison des pièces de rechanges et de ne probablement plus assurer la maintenance « lourde ».
@eff,
Lorsque l’on ne sait pas, on ferme sa put… de gueu..
Les AASM les plus chères ont un prix inférieur à 150 000 €, et les derniers modèles commandés sont à moins de 100 000.
Ce n’est pas donné certes mais loin de vos +350 000….
167000 € hors frais de développement d’après le Sénat en 2016. Ajoutez l’heure de vol du/des Rafale (~40k/h par avion) on est pas à 350k juste pour le tir, mais peut-être pas loin pour la mission.
Maintenant il faut relativiser, un djihadiste qui prend 10 ans réels en France nous coûte la même chose, il rien ne l’empêchera de recommencer à sa sortie.