Avec le PHA Dixmude et le Camcopter, la Marine dispose d’une première capacité de drone tactique

Alors que le prototype du VSR-700, sur lequel sera basé le futur Système de drone aérien de la Marine [SDAM] vient d’effectuer son premier vol, la Direction générale de l’armement [DGA] a annoncé, le 13 novembre, avoir achevé l’intégration du drone S-100 Camcopter à bord du porte-hélicoptères amphibie [PHA] « Dixmude ».

Conçu par l’industriel autrichien Schiebel, le S-100 Camcopter est un drone à voilure tournante ayant fait l’objet de plusieurs campagnes d’expérimentations conduites par la Marine nationale et la DGA depuis maintenant plus de dix ans.

En effet, l’une d’elles, réalisée en 2008 en collaboration avec Naval Group [DCNS à l’époque, ndlr], avait consisté à faire apponter ce type d’appareil sur la frégate Montcalm, grâce à un « Système d’Appontage et de Décollage Automatique » [SADA]. Par la suite, le S-100 Camcopter [ou « Serval », pour Système Embarqué de Reconnaissance Vecteur Aérien Léger] fut évalué par le Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale [CEPA/10S] depuis le patrouilleur hauturier « L’Adroit ». Un exemplaire sera d’ailleurs perdu lors de ces essais.

En décembre 2018, la Marine nationale reçut un autre exemplaire du S-100 Camcopter, dans le cadre de la préparation d’une première capacité opérationnelle ‘drones’ destinés aux porte-hélicoptères amphibie. À l’époque, la DGA avait expliqué que le PHA Dixmude allait être modifié à l’occasion de son prochain arrêt technique afin de lui permettre d’utiliser des drones.

Près d’un an plus tard, ce chantier a donc été mené à bien. « Après une phase de plus de deux ans d’expérimentation opérationnelle in situ, la modification du navire a été effectuée par Naval Group sous pilotage de la DGA à l’occasion de son arrêt technique du printemps 2019 », a en effet annoncé le ministère des Armées.

Intégrer un drone sur un navire déjà en service est une « opération très complexe qui nécessite une connaissance très précise des deux systèmes et de leur interaction », souligne la DGA.

« Il est avant tout indispensable d’assurer la compatibilité électromagnétique entre le drone et les différents capteurs, radars et systèmes de communication du navire. Le domaine de décollage et d’appontage du drone sur le navire doit être aussi précisément établi. Ensuite, il est important que le drone soit connecté au système de combat du navire pour exploiter tout son potentiel en temps réel. Enfin, la mise en œuvre du drone à bord doit être prévue au travers de procédures et d’installations spécifiques », explique-t-elle encore.

DGA Techniques navales [essais du nouveau radar d’appontage, direction de la campagne d’essais et validation de l’intégration du segment sol intégré au central opérations], DGA Essais en vol et DGA Ingénierie des projets [pour l’instruction des autorisations de vol] ont été sollicités pour ce programme.

Concrètement, il a fallu installer de nouveaux câblages et antennes, aménager un espace de travail pour les opérateurs du drone au central opérations [CO], avec « une console de gestion de mission spécifiquement conçue pour exploiter en direct les informations recueillies par le drone et enrichir la situation tactique du navire. »

« Une connexion a aussi été opérée avec le réseau vidéo du bord, pour diffuser les images du drone en zone de commandement de l’état-major embarqué. Ce dispositif permet de faciliter, par exemple, le suivi d’une opération amphibie », précise la DGA.

En outre, il a fallu également installer un box pour les opérations de maintenance et le stockage des pièces de rechange, réserver une zone sur le pont d’envol pour ravitailler le drone en carburant en toute sécurité et mettre au point un système de communication spécifique capable de « s’insérer dans les communications radio du bord dans le respect des contraintes aéronautiques. »

« Grâce à ce savoir-faire unique en Europe, la Marine nationale dispose désormais d’une première capacité de drone tactique : le Camcopter S-100 pourra être mis en œuvre de jour comme de nuit, dans un rayon d’action de plusieurs dizaines de kilomètres », se félicite la DGA.

Pour rappel, le Camcopter S-100 est doté du système optronique MX-10 de L3 Wescam. D’une masse de 200 kg au décollage, il peut voler en mode automatique et évoluer à la vitesse maximale de 220 km/h à 5.500 mètres d’altitude. Son endurance est d’environ 6 heures. Deux exemplaires sont en service au sein de la Marine nationale.

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