Rafale : Outre l’Inde, la Finlande et la Suisse sont des marchés prioritaires pour Dassault Aviation

Les résultats financiers de Dassault Aviation pour le premier semestre 2019 sont excellents, avec un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros [contre 1,71 milliards au premier semestre 2018] et un résultat net en hausse de 54%, à 286 millions d’euros. Et le carnet de commandes s’élevait, au 30 juin, à 19,23 milliards. D’où l’envolée du cours de l’action de l’industriel [+8,08%, à 1.431 euros] à la mi-séance, le 5 septembre.

Ces bons résultats ont été obtenus malgré quelques difficultés sur le marché de l’aviation d’affaires, sur lequel Dassault Aviation est présent avec sa gamme Falcon. Mais quand le secteur civil bat de l’aile, le constructeur peut s’appuyer sur ses activités « Défense » pour équilibrer ses comptes. Et vice versa.

Si, cette année, il ne livrera pas de Rafale à l’armée de l’Air, Dassault Aviation a tout de même obtenu, en mai dernier, le contrat « RAfale VErticalLisé » [RAVEL], concernant le Maintien en condition opérationnelle [MCO] de cet appareil pendant dix ans.

Jusqu’alors, la maintenance des Rafale faisait l’objet de 22 marchés différents. D’où la volonté de la nouvelle Direction de la Maintenance Aéronautique [DMAé] de rationaliser ce dispositif en « verticalisant » et en « globalisant » les marchés relatifs au MCO, afin d’augmenter la disponibilité des aéronefs du ministère des Armées.

« La hausse des prises de commandes Défense France, 2.093 millions d’euros au 1er semestre 2019 contre 231 millions d’euros au 1er semestre 2018, s’explique principalement par la notification du contrat RAVEL portant sur le MCO des avions Rafale et des moyens de soutien associés », explique l’industriel.

Le « carnet de commandes Défense France qui s’élève à 4.569 millions d’euros contre 3.011 millions d’euros au 31 décembre 2018. Il comprend en particulier 28 Rafale [comme au
31 décembre 2018], le contrat MCO RAVEL pour le Rafale, le standard F4 du Rafale et la modernisation du Mirage 2000D », a-t-il ajouté.

S’agissant de l’exportation, le carnet de commandes s’élève à 12.860 millions d’euros contre 14.217 millions d’euros au 31 décembre 2018″, avec « en particulier 63 Rafale [1 Rafale Égypte, 26 Rafale Qatar et 36 Rafale Inde]. »

Justement, dans un entretien donné à BFM TV, Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation, a laissé entendre que des discussions étaient bien en cours avec l’Inde pour une « commande complémentaire » de 36 autres Rafale. Commande qui se ferait en dehors du dialogue compétitif ouvert par New Delhi pour se procurer 110 avions de combat supplémentaires.

« Les besoins indiens sont importants », a souligné M. Trappier. « On a débuté avec un contrat à 36 avions qu’on a commencé. Donc, déjà, on est concentré sur la livraison de ces avions pour l’armée de l’air indienne qui est très impatiente de les recevoir » mais « il est très facile de signer une commande complémentaire de 36 [exemplaires]. Si c’est une commande plus importante avec du travail à faire en Inde, on s’adaptera », a-t-il expliqué.

Le montant d’une éventuelle commande indienne de 36 Rafale supplémentaires a été évaluée à un peu moins de 6 milliards d’euros. Par ailleurs, Dassault Aviation est toujours en lice pour fournir 57 Rafale M à la marine indienne, dans le cadre du programme MRCBF [Multi Role Carrier Borne Fighters].

Mais vendre plus de Rafale à l’Inde n’est pas le seul objectif de Dassault Aviation à l’exportation. Si, par le passé, certains pays, comme la Malaisie ou encore les Émirats arabes unis, étaient évoqués, cela ne l’est plus maintenant. En tout cas, à l’antenne de BFMTV, M. Trappier ne les a pas évoqués. En revanche, il a parlé du marché européen, en citant la Finlande et la Suisse, qui ne font pas partie de l’Otan.

« Il y a d’autres exports qui vont venir. On travaille en Europe. On est engagé dans [des] appels d’offres en Suisse et en Finlande. On suit la compétition et les règles dans ces deux pays », a déclaré le Pdg de Dassault Aviation.

Pour rappel, en Suisse, le Rafale est en lice aux côtés du F-35 [Lockheed-Martin], du F/A-18 Super Hornet [Boeing] et de l’Eurofighter Typhoon, le suédois Saab ayant décidé de ne plus prendre part à l’appel d’offres, qui porte sur l’acquisition de 30 à 40 avions de combat, lesquels devront entrer en service d’ici 2030.

Une votation se tiendra à l’automne 2020 pour demander aux électeurs s’ils approuvent ou non ce projet. Mais ils n’auront pas à se prononcer sur le type de l’appareil qui sera choisi. Récemment, le Conseil des États [chambre haute du Parlement suisse] a estimé que le montant du contrat [5,5 milliards d’euros] devrait être compensé à 100% via des transferts technologiques et industriels.

Quant au marché finlandais, le Rafale affronte les mêmes concurrents, à la différence que Gripen E/F de Saab est encore en course. Le remplacement des F/A-18 Hornet finlandais « constituera une décision importante en termes de politique de sécurité, de politique de défense et d’économie nationale », fait valoir Helsinki.

Appelé « HX Fighter » et d’un montant évalué à 7/10 milliards d’euros pour 64 avions, cet appel d’offres entend mettre l’accent sur les capacités de combat, la « facilité d’utilisation en temps de paix et de guerre », le coût d’exploitation et de maintenance des appareils et l’interopérabilité avec les partenaires de la Finlande. Une décision est attendue en 2021.

Reste à voir, si, dans le cas où il remporterait ces deux compétitions, si Dassault Aviation aura la capacité de production adéquate, sachant que, après 2022, les livraisons de Rafale aux forces françaises reprendront. Sur ce point, M. Trappier s’est voulu rassurant. « Notre société est flexible. On est passé de 1 à 2 [cadence doublée, nldr]. On pourrait encore augmenter la cadence », a-t-il dit.

Photo : armée de l’Air

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