La France a signé une lettre d’intention avec la Belgique et Chypre pour un missile antichar européen

Une semaine après avoir signé un accord avec sept pays européens pour mettre au point un robot militaire terrestre dans le cadre du projet MUGS [Modular Unmanned Ground Systems], conduit par l’Estonie et financé par le Programme européen de développement de l’industrie de Défense [PEDID], la France a pris la tête du programme européen BLOS [Beyond Line Of Sight Land Battlefield Missile Systems], consistant à développer les capacités relatives aux missiles antichar de moyenne portée.

En effet, en marge d’une réunion des ministres de la Défense de l’Union européenne, organisée les 28 et 29 août à Helsinki, Florence Parly a signé une lettre d’intention en ce sens avec ses homologues belge et chypriote. « Ce projet ambitieux est emblématique des progrès concrets de l’Europe de la défense », a fait valoir le ministère des Armées.

Le programme BLOS fait partie des 34 projets retenus par l’exécutif européen qui, au titre de la Coopération structurée permanente [CSP/PESCO], sont éligibles à un financement octroyé par le PEDID, qui, à partir de 2021, cédera la place au Fonds européens de Défense [FEDef], qui sera doté de 13 milliards d’euros.

Dans le domaine des missiles anti-char, la France a une longueur d’avance, grâce au MMP [Missile moyenne portée] développé par MBDA. C’est d’aîlleurs sur ce dernier que s’appuiera le programme BLOS, lequel vise plusieurs objectifs.

L’UE « est confrontée à une instabilité géopolitique croissante et à un ensemble complexe de menaces classiques et nouvelles. Par conséquent, les forces armées des États membres doivent avoir la capacité d’opérer de manière autonome ou au sein d’une coalition ad hoc. Ils doivent pouvoir tenir un engagement de haute intensité et asymétrique, face à un large éventail de menaces, y compris contre des adversaires potentiels techniquement avancés », explique le site dédié au PEDID au sujet du programme BLOS.

Concrètement, il s’agit de mettre au point un missile antichar pouvant être aussi bien tiré par des plateformes terrestres « habitées ou non » que par des drones.

Pour MBDA, l’enjeu est d’écarter la concurrence américaine [voire israélienne] du marché européen étant donné que, comme il l’a expliqué en novembre 2018, la production de ce missile « devra être totalement maîtrisée par l’industrie européenne, ce qui permettra d’en garantir l’autonomie d’emploi, la sécurité d’approvisionnement et les capacités d’évolution, au profit des 25 pays membres de la CSP. »

« Le projet comprend des aspects communs de formation. Un ‘club d’utilisateurs’ dédié est prévu pour développer une doctrine européenne commune », précise par ailleurs le site dédié aux programmes retenus au titre de la CSP.

Reste que la participation de Nicosie à ce programme devrait en étonner plus d’un… « En matière capacitaire, Chypre participe à plusieurs initiatives de l’Agence Européenne de Défense, même si elle ne dispose que d’une industrie de défense très limité », soulignait ainsi un récent rapport du Sénat.

Cela étant, la France et Chypre ont renforcé leurs relations militaires en signant un accord intergouvernemental en avril 2017. Ce dernier prévoit des coopérations dans les domaines de l’armement et des technologies de défense, de la formation et du soutien logistique.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]