Avec ses nouvelles ailes, l’avion d’attaque A-10 Warthog pourrait rester en service jusqu’à la fin des années 2030

En juillet 2018, conformément à une demande du Congrès des États-Unis, l’US Air Force a organisé, à la base aérienne Edwards [Californie], une première phase de tests comparatifs entre le F-35A Lightning II et l’A-10 Warthog dans le domaine de l’appui aérien rapproché.

L’idée de cette confrontation avait été proposée par Martha McSally, une élue de la Chambre des représentants qui fut pilote de A-10 avant d’exercer son mandat. L’enjeu était de déterminer si le F-35A était en mesure de faire aussi bien, sinon mieux, que son aîné à un moment où l’US Air Force s’efforçait de trouver les arguments pour le retirer du service le plus tôt possible afin de se ménager des marges de manoeuvre budgétaires afin de financer d’autres priorités.

Or, le A-10 Warthog venait de faire une nouvelle fois la démonstration de ses capacités lors des opérations contre l’État islamique au Levant.

Cet avion tient un « rôle indispensable dans le combat contre l’EI en Irak, et pour assister l’Otan dans ses efforts pour dissuader une agression russe en Europe de l’Est. […] Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de mettre prématurément à la retraite la meilleure arme d’appui aérien de notre arsenal sans lui avoir trouvé un remplaçant approprié », avait fait valoir feu John McCain, qui dirigeait alors le comité des Forces armées au Sénat.

Seulement, les conditions des tests comparatifs souhaités par le Congrès furent critiquées par le Project on Government Oversight, organisation à but non lucratif non partisane. Selon elle, le F-35A de Lockheed-Martin aurait été avantagé par rapport au A-10 Warthog. Ce qui fit vivement réagir Mme McSally, qui affirma, à l’époque, avoir contacté le chef d’état-major de l’US Air Force, le général David Goldfein, afin de lui rappeler qu’il devait « garantir une comparaison objective ».

Cela étant, le bureau des tests opérationnels et de l’évaluation [DOT&E] du Pentagone, peu suspect de complaisance à l’égard du F-35, assura que les évaluations opérationnelles de deux avions avaient été « exécutées fidèlement » aux directives du Congrès.

Quoi qu’il en soit, les résultats de cette comparaison n’ont pas été publiés… Mais il n’en reste pas moins que l’histoire du A-10 Warthog est loin d’être terminée, F-35A ou pas. Seulement, le nombre d’appareils en service sera drastiquement revu à la baisse.

Ainsi, via un communiqué publié le 12 août, l’Air Force Materiel Command a annoncé qu’il venait de terminer un programme ayant consisté à remplacer les ailes de 162 A-10 Warthog [soit 61% de la flotte actuelle], ce qui devrait un potentiel de 10.000 heures de vol. De quoi leur permettre de voler jusqu’à la fin des années 2030, si, d’ici-là, leur retrait n’est pas décidé.

« Travailler sur un avion qui vole depuis près de 40 ans n’a pas été sans difficultés », a expliqué l’AFMC. Les modifications ont en effet nécessité la fabrication de nouvelles pièces pour le fuselage et le récupération de composants sur d’anciens appareils stockés à Davis-Monthan, en Arizona.

Les ailes des A-10 Warthog étant soumises à de fortes contraintes, l’US Air Force avait lancé un programme de mise à niveau en 2007 et notifié, à cette fin, un contrat d’un montant de 1,1 milliard de dollars à Boeing. Les travaux commencèrent quatre ans plus tard.

Pour rappel, le A-10 Warthog a initialement été conçu par Fairchild pour détruire les colonnes de blindés du Pacte de Varsovie, notamment grâce à son canon Gatling de 30 mm GAU-8 Avenger, capable de tirer 3.900 obus par minute. Pouvant emporter plus de 7.000 kg de munitions répartis sur 11 points d’ancrage, cet appareil s’est notamment illustré lors de l’opération Tempête du Désert [1991] et, plus récemment, en Afghanistan et au Levant [où il a assuré 11% des sorties de l’aviation américaine à un moment].

De conception « rustique », le A-10 Warthog est un avion qui sait encaisser les coups : il peut voler avec un seul moteur… Et la moitié d’une aile.

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