Nucléaire iranien : Le chef de la diplomatie française « recadre » le président Trump

Le président américain, Donald Trump, est partisan d’une ligne dure à l’égard de l’Iran. Et il fait ce qu’il avait promis lors de la course à la Maison Blanche, en 2016. Ainsi, en mai 2018, il a décidé que les États-Unis se retireraient de l’accord sur le nucléaire iranien, péniblement négocié à Vienne en juillet 2015. Et cela pour une raison simple : la levée des sanctions frappant l’économie iranienne permettrait à Téhéran de trouver de nouvelles marges de manoeuvres pour financer les milices qui lui sont inféodées au Moyen-Orient.

Cependant, les pays européens [France, Allemagne, Royaume-Uni] parties prenantes de l’accord de Vienne affichent une position diamétralement opposée. Et pour eux, maintenir le dialogue avec Téhéran est primordial. Au point même que Paris aurait demandé à ses services de renseignement de mettre en « sourdine » leurs évaluations « critiques » au sujet de l’Iran [C’est ce qu’a en effet affirmé le journal Le Monde], alors qu’Emmanuel Bonne, le conseiller diplomatique du président Macron, enchaîne les visites à Téhéran [il s’y est rendu en juin et en juillet, ndlr].

Or, quand des alliés ont des vues différentes sur un dossier, cela donne lieu à quelques « frictions ». Comme les propos tenus par le président Trump à l’égard de son homologue français, le 8 août.

« Je sais qu’Emmanuel veut bien faire, comme tous les autres, mais personne ne parle pour les Etats-Unis à part les États-Unis eux-mêmes. […] L’Iran a de graves problèmes financiers. Ils veulent désespérément parler aux États-Unis, mais reçoivent des messages contradictoires de la part de tous ceux qui prétendent nous représenter, parmi lesquels le président français Macron », a en effet écrit M. Trump via Twitter.

Cela étant, les « tweets » du chef de la Maison Blanche ne font pas référence à des propos précis qu’aurait tenus M. Macron. Mais il est vrai que ce dernier s’entretient régulièrement avec Hassan Rohani, le président iranien. Il s’agit ainsi d’apparaître comme un médiateur entre l’Iran et les États-Unis.

Quoi qu’il en soit, les critiques de M. Trump ont été reprises au vol par Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères. Et son « recadrage » s’est fait à l’ancienne, c’est à dire par un communiqué publié par le Quai d’Orsay.

« Sur l’Iran, la France s’exprime en toute souveraineté. Elle s’engage fortement pour la paix et la sécurité dans la région, elle s’engage pour permettre une désescalade des tensions et elle n’a besoin d’aucune autorisation pour le faire », a ainsi fait valoir M. Le Drian.

« La France est fidèle à l’accord de Vienne qui empêche la prolifération nucléaire. Elle respecte sa signature, comme le font les autres parties de l’accord, à l’exception des États-Unis », a encore « taclé » le chef du Quai d’Orsay, avant de rappeler que Paris « demande fermement à l’Iran de revenir à la conformité de ses obligations. »

« L’aggravation des tensions nécessite des initiatives politiques pour retrouver les conditions d’un dialogue. C’est ce que fait le Président Macron en toute transparence avec nos partenaires, en premier lieu les Européens signataires. Il tient évidemment les autorités américaines informées. Tous les efforts doivent être réunis pour éviter que cette situation conflictuelle ne se transforme en une confrontation dangereuse », a ensuite expliqué M. Le Drian.

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