Le Sultanat d’Oman donne l’accès de certains de ses ports et aéroports aux forces américaines
L’une des particularités du Sultanat d’Oman est que sa politique étrangère consiste à se tenir à l’écart des rivalités qui caractérisent les relations des autres pays du golfe arabo-persique [GAP]. Pour cela, elle obéit à trois principes : ne jamais rompre les liens diplomatiques, ne jamais s’impliquer [militairement] dans les conflits régionaux mais offrir une médiation chaque fois que cela est possible et assurer la sécurité régionale, notamment celle du détroit d’Ormuz.
Ce qui fait que Mascate a de bons rapports avec les pays du Moyen-Orient, y compris avec Israël et la Syrie. S’agissant de l’Iran, avec lequel il partage la responsabilité du stratégique détroit d’Ormuz, le sultanat a souvent joué les intermédiaires avec les Occidentaux. Cela fut notamment le cas pour l’accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne le 14 juillet 2015.
Dans le même temps, Oman entretient des relations privilégiées avec le Royaume-Uni et les États-Unis, ces derniers étant les garants de sa sécurité, dans le cadre d’un accord signé en 1980. Mais il est question d’aller encore plus loin dans ce domaine.
En effet, le 24 mars, le Pentagone et le ministère omanais de la Défense ont signé un « accord-cadre » visant à « renforcer les relations militaires omano-américaines », a signalé l’agence de presse ONA.
Ce qu’a confirmé l’ambassade des États-Unis à Mascate. Cet « accord réaffirme l’engagement des deux pays à promouvoir des objectifs de sécurité mutuels et souligne la pérennité de la relation stratégique américano-omanaise reflétant le soutien des États-Unis à la souveraineté et à l’intégrité territoriale d’Oman », a-t-elle expliqué.
Cet accord, qui est l’aboutissement de discussions entamées à l’époque de l’administration Obama, permettra aux forces américaines d’avoir un accès à certaines infrastructures portuaires et aéroportuaires du sultanat. Les localités de Salalah et Duqm, situées sur le littoral bordant la mer d’Arabie, sont les principales concernées. Ce qui leur donnera des options supplémentaires en cas de crise dans le détroit d’Ormuz. Et donc un degré de résilience supplémentaire dans la mesure où les navires de l’US Navy pourront désormais éviter de se trouver à portée de tir des missiles anti-navires iraniens.
Pour rappel, la marine américaine dispose déjà de plusieurs facilités dans la région, en particulier à Bahreïn, où est implanté le quartier général de sa Ve Flotte.
Par ailleurs, le nouvel accord est aussi un moyen pour les États-Unis de limiter l’influence chinoise à Oman, sachant que la Chine est le premier partenaire commercial du sultanat.
Photo : L’USS Stockdale, un destroyer américain ayant fait escal à Mascate le 24 décembre 2018 (c) US Navy
Oman, le seul pays fréquentable de la région.
D’habitude c’est plus soft comme attitude de la part de cet Etat.
Les choses changent.
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/10/26/benyamin-netanyahou-effectue-une-visite-rarissime-au-sultanat-d-oman_5375129_3218.html
Position stratégie presque face l’Iran, Pakistan, Afghanistan….
C’est aussi grâce à cette politique de neutralité choisie par les Omanais que l’otage française Isabelle Prime qui était prise en otage par les houthis au Yémen été libérée en 2015. Oman me rapelle la suisse dans bien de domaines ( les suisses étant cernés par 3 puissances France, Italie et Allemagne ont opté dès le 19 ème siècle pour la neutralité ) entouré par les saoudiens, iraniens, ( indiens et pakistanais pas éloignés eux aussi ) comme la suisse qui n’a pas adhéré à l’otan et l’ue, Oman qui est pourtant un important producteur de pétrole n’a pas adhéré à l’opep ( sans doute pour s’affranchir de l’influence saoudienne) .
C’est d’ailleurs étonnant, que s’agissant d’un pays arabe et donc musulman, il n’y ait pas d’infiltrations par des agitateurs extrémistes islamistes, vu l’entente avec l’occident… allez comprendre !!! Ou alors il s’agit d’un pays où toute la population est solidaire et contente..
En tout cas c’est sûrement une bonne chose, mais bon, dans ce bas monde d’incertitude, cela peut aussi changer…
@Breer
Ils ne sont ni Chiites, ni Sunnites – ils pratiquent une version de l’Islam qui leurs est propre. Une version qu’ils n’ont jamais cherché à rependre au travers d’écoles Coraniques et d’instituts Islamiques, contrairement au Saoudiens et au Iraniens.
Oman, dont toutes les élites miltaires sont formées en Grande bretagne depuis des lustres, est le même genre de pays faux-jeton que la Jordanie, ou Brunei : on fait semblant d’être neutre selon ce qu’il y a à gagner avec l’interlocuteur du moment, mais si on y regarde d’un peu plus près, on constate que ça mange la bonne sousoupe dans la gamelle occidentale : cette fois -ci les chèques en dollars ont dû être un peu plus gros en direction de tel ou tel sultan, c’est tout …
Merci pour ce commentaire plein d’intelligence, qui montre au moins que vous parlez de ce que vous ne connaissez pas (comme d’habitude, me semble-t-il)…
« il s’agit d’un pays où toute la population est solidaire et contente. »
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Oman bénéficie d’une mane pétrolière, et une bonne partie des recettes sert à financer des prestations sociales. Le sunnisme ne « rassemble » que 45% de la population musulmane (dont une bonne partie doit être d’origine pakistanaise) ; reste = 45% ibahdiste, 5% chiite. La gouvernance d’oman doit jouer un grand rôle dans le maintien de cette tranquillité, mais si les prestations sociales venaient à disparaître ou réduites fortement…