De nouvelles violences intercommunautaires font plus d’une centaine de tués dans le centre du Mali

Au Mali, l’année 2019 avait commencé par une attaque qui, attribuée à des chasseurs traditionnels Dozo, fit une trentaine de tués parmi la population civile peule installée à Koulogon, dans la région de Mopti. Et elle se poursuit de la même manière, en dépit des mesures annoncées par Bamako pour mettre un terme à ces exactions.

Ainsi, le 23 mars, le village d’Ogossagou Peulh, situé dans le cercle de Bankass [région de Mopti], près de la frontière avec le Burkina Faso, a été attaqué par des chasseurs Dozo présumés. Et le bilan est très lourd, les autorités locales ayant fait été d’au moins 115 tués, dont des femmes et des enfants. « Presque toutes les cases du village ont été brûlées par les chasseurs traditionnels », ont raconté deux témoins à l’AFP.

Ces violences intercommunautaires sont devenues récurrentes depuis l’émergence, en 2015, du Front de libération du Macina [ou Katiba Macina], une organisation jihadiste qui, dirigée par Amadou Koufa [ou Hamadoun Koufa], est affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] d’Iyad Ag Ghali. Ainsi, l’an passé, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA] en avait constaté une soixantaine, lesquelles firent environ 500 morts.

L’une des raisons de ces attaques est que la Katiba Macina recrute principalement ses combattants au sein des Peuls, traditionnellement éleveurs. Ce qui exacerbe les tensions avec les ethnies Dogon et Bambara, tournées vers l’agriculture. Ces dernières ont ainsi formé des « groupes d’autodéfense », ce qui alimente le cycle des représailles quand l’une ou l’autre des communautés est attaquée.

En outre, les Peuls accusent le gouvernement malien de fermer les yeux sur les exactions dont ils sont victimes au nom de la lutte anti-jihadiste.

Dans un entretien récemment donné au quotidien Le Monde, le général Frédéric Blachon, le commandant de l’opération française Barkhane, estimait que la katiba Macina était « l’une des plus dangereuses », dans la mesure où « ses effectifs sont importants et qu’elle adopte une stratégie quasi insurrectionnelle en s’attaquant aux représentants de l’Etat et aux symboles de l’autorité. » Évidemment, de telles attaques comme celle d’Ogossagou Peulh ne peuvent que renforcer ce groupe jihadiste, les Peuls étant tentés de ce tourner vers lui pour se protéger.

Par ailleurs, le 23 mars, le GSIM a revendiqué l’attaque commise une semaine plus tôt contre le camp que les Forces armées maliennes [FAMa] avaient établi à Dioura, près de la frontière mauritanienne. Pour rappel, 26 soldats maliens y avaient perdu la vie.

Selon le texte de cette revendication, cette attaque aurait été conduite par la Katiba Macina… sous le commandement d’Amadou Koufa, lequel est récemment réapparu dans une vidéo alors que l’on pensait qu’il avait été tué lors d’une opération de la force Barkhane, en novembre dernier.

L’attaque du camp de Dioura a eu des répercussions politiques au Mali, avec des manifestations de familles de militaires à Ségou et Sévaré [centre]. « Nous ne voulons plus que nos maris meurent bêtement », ont scandé des manifestantes, qui ont aussi réclamé plus de moyens pour les FAMa. Quant au président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, il a révenu la hiérarchie militaire qu' »aucune négligence ne saurait plus être tolérée. »

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