La Russie restreint l’accès aux réseaux sociaux pour ses soldats et veut se doter d’un réseau Internet indépendant

La Russie a toujours nié être militairement impliquée dans le conflit du Donbass, où séparatistes pro-russes affrontent les forces urkraniennes depuis 2014. Seulement, des « selfies » publiés sur les réseaux sociaux par certains soldats russes présents en Ukraine ont maintes démontré le contraire. Même chose pour la Syrie.

Effectivement, les indiscrétions des militaires russes via les réseaux sociaux sont du pain béni non seulement pour la presse mais aussi pour les services de renseignement. D’où le texte voté par la Douma [chambre basse du Parlement russe], ce 12 février.

En effet, un amendement à la « loi sur le statut des militaires » vise à interdire aux soldats russes, y compris les appelés du contingent, de « publier sur Internet des informations sur leur appartenance aux forces armées russes et sur leur éventuelle mission ». Et ils n’auront aussi plus le droit de « communiquer ces informations aux médias ». Et cette interdiction s’étend aux « informations sur leurs collègues, membres de famille et parents. »

Et pour éviter toute entorse à ces règles, les militaires russes n’auront plus le droit d’emporter, « dans l’exercice de leurs fonctions », des appareils électroniques susceptible de « diffuser des données photo ou audiovisuelles et leur géolocalisation » via Internet.

« Les informations publiées par les militaires sur Internet ou dans les médias peuvent […] dans certains cas donner lieu à une évaluation biaisée de la politique de la Fédération de Russie », explique la Douma. Et d’ajouter : « Le projet de loi vise à assurer la sécurité du personnel militaire et sa protection contre les actes de services spéciaux d’autres pays, ainsi que d’organisations terroristes et extrémistes. »

Par ailleurs, les autorités russes ont l’intention de déconnecter la Russie du réseau Internet mondial au titre d’une expérimentation prévue par un autre projet de loi, lequel impose aux fournisseurs d’accès nationaux de garantir l’indépendance du cyberespace russe. L’enjeu est de pouvoir se prémunir de toute cyberattaque de grande ampleur.

En effet, ce texte, qui se veut une réponse au « caractère agressif de la stratégie nationale américaine en matière de cybersécurité adoptée en septembre 2018 », prévoit la création d’une « infrastructure permettant d’assurer le fonctionnement des ressources internet russes en cas d’impossibilité pour les opérateurs russes de se connecter aux serveurs internet sources étrangers. »

« Les dispositifs techniques devront pouvoir limiter l’accès aux ressources contenant des informations interdites non seulement par des adresses réseau, mais également en interdisant le passage du trafic en transit », détaille la Douma.

Photo : via Bellingcat

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