La piraterie maritime prend de l’ampleur dans le golfe de Guinée

En 2017, le nombre d’actes de piraterie maritime avait atteint son plus bas niveau depuis 22 ans, avec « seulement » 180 attaques de navires constatées. Dans son rapport publié en janvier 2018, le Bureau maritime international [BMI] avait souligné que deux régions étaient plus particulièrement concernées par ce phénomène : l’Asie du Sud-Est (notamment les Philippines, en raison de la présence jihadiste dans le sud de l’archipel) et le golfe de Guinée.

Cependant, le BMI avait dit craindre un regain de la piraterie maritime au large des côtes somaliennes en expliquant que les causes qui la firent apparaître à la fin des années 2000 n’avaient pas disparu, comme la pêche illégale par des navires étrangers, la persistance de « solides » réseaux criminels, la faiblesse des institutions gouvernementales et la facilité à recruter des pirates.

Le bilan établi un an plus tard par ce même BMI n’a pas confirmé les craintes au sujet de la Somalie, même si quelques incidents ont été signalés dans le golfe d’Aden. En effet, la hausse des actes de piraterie constatés en 2018 [+12% environ] est essentiellement le fait du golfe de Guinée, décrit comme étant actuellement une région de « plus en plus dangereuse » pour les marins.

« Les informations faisant état d’attaques dans les eaux entre la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo ont plus que doublé en 2018 », avance le dernier rapport du BMI, avec 6 détournements et 13 navires ayant été visés par des tirs. En outre, 41 kidnappings ont été constatés au large du seul Nigeria. Et encore, il ne s’agit-là que d’estimations, les attaques n’étant pas toujours signalées [elles le seraient à hauteur de 48% seulement…].

En outre, cette tendance s’est accentuée au cours du dernier trimestre de l’année 2018, souligne le BMI, qui fait aussi remarquer que des navires ont été attaqués et/ou arraisonnés par des pirates « bien au-delà des eaux territoriales » des pays de la région.

D’après le ministère français des Affaires étrangères, certaines régions du golfe de Guinée (qui compte des pays pétroliers – à savoir le Nigeria et l’Angola – parmi ses riverains) sont plus à risque que d’autres. Tel est le cas de celles situées entre la frontière Libéria-Côte d’Ivoire et entre la frontière République démocratique du Congo-Angola. Les eaux territoriales et le large (100 nautiques) de la Guinée, de la Sierra Leone, du Liberia et de l’Angola sont également citées.

« Il est urgent d’intensifier la coopération et le partage du renseignement entre les États riverains du golfe de Guinée afin de pouvoir prendre des mesures efficaces contre les pirates, en mer comme à terre, où leurs opérations prennent naissance et fin », fait valoir le BIM.

Pourtant, des initiatives pour coodonner la lutte contre la piraterie (mais aussi prendre en compte la sécurité maritime) ont été prises ces dernières années. Lors du sommet de Yaoundé [Cameroun], en 2013, les pays concernés s’étaient mis d’accord sur une stratégie commune, reposant sur la mutualisation des équipements, le partage du renseignement et l’harmonisation des règles de poursuite. Cette démarche avait été soutenue, si ce n’est encouragée, par la France, qui déploie en permanence un navire dans le golfe de Guinée, au titre de l’opération Corymbe.

Par la suite, la piraterie maritime dans cette partie du monde [.pdf] baissa d’intensité, avant donc de repartir de plus belle. Pourtant, l’appui de la France aux pays de la région ne s’est jamais démenti, comme l’a rappelé, en octobre dernier, la ministre des Armées, Florence Parly, lors de l’ouverture du 3ème symposium sur la sécurité maritime dans le golfe de Guinée.

« La France et l’Europe se tiendront aux côtés de leurs partenaires africains pour restaurer la paix et la sécurité dans les eaux du golfe de Guinée », avait dit Mme Parly, en insistant sur le « lien indissociable entre la stabilité régionale et le développement économique » ainsi que sur « l’intention de la France de promouvoir cette approche complémentaire. »

En novembre, la Marine nationale a ainsi organisé l’exercice « Grand African Nemo 18 », avec le porte-hélicoptères amphibie [PHA] Mistral et la frégate de surveillance Ventôse.

« Près de 15 pays riverains du golfe de Guinée se sont entrainés en opérant des simulations adaptées à leurs enjeux régionaux : assistance, recherche de naufragé, lutte contre la piraterie, la pêche illicite ou encore le trafic d’armes. Leurs adversaires fictifs étaient joués par les détachements de fusiliers marins français et portugais à bord du Mistral », avait expliqué l’État-major des armées, à l’époque.

Photo : Le PHA Mistral et le patrouilleur espagnol Centinela, au large de la Guinée Equatoriale

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