Le président russe propose d’ouvrir le traité sur les forces nucléaires intermédiaires à d’autres pays

Signé en 1987 par les États-Unis et l’Union sovétique, le Traité sur les forces nucléaires intermédiaires [FNI] a mis un terme, en Europe, à la crise dite des Euromissiles. Ce texte, qui est une pierre angulaire de la sécurité européenne, interdit le déploiement de tout missile sol-sol ayant une portée comprise entre 500 et 5.500 km.

Seulement, depuis 2014, les États-Unis accusent la Russie d’avoir développé un missile – en l’occurrence le 9M729 « Novator » – violant les dispositions de ce traité. D’où la menace du président Trump de se retirer de ce traité. Ce qui, au passage, permettrait à Washington d’avoir les mains libres face à la Chine, dont les missiles ne sont pas concernées par les dispositions de cet accord.

Début décembre, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan ont appelé Moscou à se conformer, dans un délai de 60 jours, à ce texte. « Il appartient à présent à la Russie de préserver le Traité FNI », ont-ils affirmé.

« Par sa violation du traité FNI et son absence de réponse à nos demandes répétées de clarification, la Russie menace directement la sécurité transatlantique et la stabilité stratégique », avait alors commenté Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française.

« Nous pensons que la Russie souhaite probablement ne pas être contrainte par le traité FNI dans la mesure où elle modernise son armée avec des missiles de précision qui, selon nous, sont conçus pour cibler les infrastructures militaires et économiques européennes critiques et être ainsi en mesure de contraindre les alliés de l’Otan », avait expliqué, quelques jours plus tôt, Dan Coats, le directeur national du renseignement américain.

Pour le moment, la Russie n’a pas répondu aux demandes exprimées par l’Otan, si ce n’est qu’elle a rejeté, à nouveau, les accusations dont elle fait l’objet. Cependant, ce 18 décembre, le président russe, Vladimir Poutine, s’est dit ouvert à l’idée d’élargir le traité FNI à d’autres pays.

« Il y a effectivement des difficultés avec ce traité. D’autres pays qui possèdent des missiles de portée intermédiaire n’en sont pas membres », a admis le chef du Kremlin, lors d’un discours prononcé au ministère russe de la Défense. « Mais qu’est-ce qui nous empêche de lancer les négociations sur leur adhésion au traité existant ou de commencer les discussions sur un nouveau traité? », a-t-il ajouté.

Les pays susceptibles d’être concernés sont ceux qui, évidemment, ayant une capacité nucléaire ainsi que des missiles de portée intermédiaire, comme par exemple l’Inde, le Pakistan, Israël [qui entretient le flou sur son arsenal nucléaire, ndlr] ou la Corée du Nord [supposée détenir l’arme nucléaire, ndlr]. Mais c’est surtout la Chine qui est principalement visée par les propos de M. Poutine. Or, il est peu probable de la voir rejoindre le traité INF.

« Quels que soient les griefs envers le traité, il remplit un rôle stabilisateur dans les conditions actuelles, il travaille à apporter un certain niveau de prédictibilité et de retenue dans la sphère militaire », a par ailleurs estimé M. Poutine, qui avait précédemment affirmé qu’un retrait des États-Unis de cet accord conduirait à une reprise de la « course aux armements ».

Reste que, s’il ne répond pas aux demandes d’information au sujet du missile 9M729 « Novator », M. Poutine a exprimé la même position de l’Otan.

« Nous observons que la Chine investit de manière très poussée dans des armes nouvelles et modernes, y compris des missiles, et la moitié de ses missiles violeraient le traité FNI si la Chine en était signataire », a en effet affirmé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, en novembre. Et d’ajouter : « Nous sommes favorables à l’élargissement de ce traité de manière à ce que la Chine puisse aussi en faire partie. »

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