Pour moderniser son aviation de combat, la Bulgarie a une préférence pour les avions de combat F-16

La modernisation de l’aviation de combat bulgare est un dossier qui traîne depuis maintenant plus de dix ans, en raison notamment de difficultés budgétaires et de décisions remises en cause au gré des alternances politiques. Et il est désormais urgent.

En effet, ces dernières années, les MiG-29 bulgares ont multiplié les interventions pour identifier les avions russes en approche de l’espace aérien qu’ils ont à protéger. Ce qui a amenuisé leur potentiel, qui était déjà bien entamé. En outre, leur maintien en condition opérationnel [MCO] est compliqué dans la mesure où l’approvisionnement en pièces détachées est difficile et que Sofia a connu quelques soucis contractuels avec la société russe RSK MiG, qui en était chargée. Pour rappel, la Bulgarie est membre de l’Otan depuis 2004.

En avril 2017, l’on pensait que ce dossier allait connaître enfin une issue, avec le choix annoncé du gouvernement bulgare en faveur de l’avion JAS-39 Gripen du constructeur suédois Saab. Seulement, ce choix fut remis en cause par une nouvelle équipe gouvernementale, laquelle lança un appel d’offres, par ailleurs décliné par la France, sollicitée pour le Rafale de Dassault Aviation.

Mais le cas français n’était pas isolé : sur les 7 pays à qui Sofia avait envoyé une demande d’informations, trois y répondirent, dont les États-Unis [F-16 « Viper » de Lockheed-Martin et F/A-18 Super Hornet de Boeing], l’Italie [Eurofighter tranche 1] et la Suède [Gripen E/F].

Et finalement, Lockheed-Martin devrait une nouvelle fois tirer les marrons du feu. « Selon ce que me disent les pilotes, le F-16 neuf est bien meilleur que tous les autres avions proposés », a en effet déclaré Boïko Borissov, le Premier ministre bulgare, en marge du sommet européen de Bruxelles.

Toutefois, M. Borissov a assuré qu’il « ne voulait pas s’ingérer dans le travail des commissions » chargées d’examiner les offres. Mais en prenant parti publiquement pour un appareil en particulier, cela revient au même… D’autant plus qu’il a aussi affirmé qu’il voulait « le meilleur avion, car la situation [dans la région de la mer Noire] se complique.

Le F-16 « Viper », dernière évolution de l’avion de Lockheed-Martin, est doté de la liaison, d’un radar AESA [antenne active], d’un ordinateur de mission avancé, d’une connectivité améliorée et d’un affichage de suivi de terrain [Center Pedestal Display]. La Slovaquie vient de confirmer l’achat de 14 appareils de ce type pour 1,6 milliard d’euros, aux depens du Gripen E/F suédois.

Cela étant, en août, le président bulgare, Roumen Radev, qui n’est pas du même bord politique que son Premier ministre, avait critiqué un déplacement du vice-ministre de la Défense aux États-Unis, alors que l’appel d’offres était en cours de préparation. « Dans les pays où l’égalité de traitement est assurée, aucune réunion, visite ou conférence n’a lieu entre l’invitation à soumettre des offres et la soumission de ces dernières », avait-il dit.

De son coté, la ministre bulgare des Affaires étrangères bulgare, Ekaterina Zaharieva a souligné que Lockheed-Martin avait soumis une offre « améliorée » concernant le prix et les délais de livraison de 8 F-16V. Mais elle s’est gardée de donner davantage de précisions. Lors d’une visite à Sofia, le 14 décembre, le secrétaire d’Etat adjoint américain, John Sullivan, a estimé que la proposition du constructeur était « très attrayante ».

Mais Saab n’a pas encore dit son dernier mot. Pour éviter une nouvelle déconvenue, après celles subies en Slovaquie, en Croatie et en Roumanie, pays qui ont tous fait le choix d’une variante du F-16, le constructeur suédois a immédiatement réagi en proposant à Sofia une offre « améliorée » portant sur la livraison de 10 Gripen pour le prix de 8 exemplaires. « Les premiers avions seront livrés dans le délai de 24 mois après la signature du contrat », a assuré l’administration suédoise du matériel de défense.