Le Kosovo va se doter de sa propre armée

Récemment, il a beaucoup été question de négociations menées par le Kosovo et la Serbie au sujet d’un éventuel échange de territoires afin de fixer définitivement leur frontière commune.

Si elle n’a pas manqué d’inquiéter les Européens, pour qui ce serait ouvrir la « boîte de Pandore » des revendications sur base ethnique, comme l’a souligné Karin Kneissl, la ministre autrichienne des Affaires étrangères, cette perspective a aussi été perçue comme un moyen de normaliser enfin les relations entre Belgrade et Pristina, lesquelles demeurent toujours difficiles, comme en témoigne la décision de l’ancienne province serbe de se doter de sa propre force armée.

En effet, le 18 octobre, le Parlement du Kosovar a adopté, en première lecture, un projet de loi visant à transformer la Force de sécurité du Kosovo [KSF] en une armée nationale, forte de 5.000 soldats d’active et de 3.000 réservistes. Or, cette mesure, pourtant annoncée dès 2014, est vigoureusement contestée par la minorité serbe (qui ne peut compter que sur une poignée de députés) et la Serbie.

Actuellement, la protection du Kosovo, qui a proclamé son indépendance en février 2008 [ce que plusieurs pays refusent toujours de reconnaître, ndlr], est assurée depuis 1999 par la KFOR, une force sous commandement de l’Otan. Et cela, conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies.

La KSF, formée en 2009 en remplacement du Corps de Protection du Kosovo (TMK), est légèrement armée. Multiéthnique, ses missions concernent essentiellement la protection civile et la gestion de crise.

À plusieurs reprises, l’Otan a mis en garde Pristina contre son projet de se doter d’une armée nationale, sauf en cas de modification de la Contitution kosovare (ce qui implique l’approbation des députés de la minorité serbe). Mais visiblement, cela n’a eu aucun effet…

Reste que la réaction a été immédiate à Belgrade. Ainsi, pour le ministre serbe de la Défense, Aleksandar Vulin, l’institution d’une armée nationale au Kosovo constituerait une « menace pour la paix » et viserait « la Serbie et les Serbes. » Et d’ajouter : « Il ne saurait y avoir une autre force armée au Kosovo que la KFOR aussi longtemps que la résolution 1244 du Conseil de Sécurité de l’ONU est en place. »

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