Le secrétaire général de l’Organisation des États d’Amérique n’exclut pas une intervention militaire au Venezuela

La crise économique, sociale et politique que traverse le Venezuela du président (bolivarien et socialiste) Nicolas Maduro n’est pas sans conséquences pour les pays limitrophes étant donné qu’ils risquent d’être déstabilisés à leur tour par l’afflux d’émigrants.

La Colombie se trouve ainsi en première ligne, après avoir accueilli sur son territoire plusieurs centaines de milliers de Vénézuéliens ayant fui la misère. Le Pérou et l’Équateur ont dû prendre des mesures pour endiguer ce phénomène, tandis que le Brésil a décidé de déployer les forces armées dans l’État de Roraima, après des heurts entre migrants et locaux.

Cette crise migratoire « est tragique et elle menace l’harmonie de quasiment tout le continent », a expliqué Michel Temer, le président brésilien, pour justifier l’envoi des militaires à la frontière vénézuélienne.

Évidemment, le président Maduro est la cible de toutes les critiques de la part de ses homologues sud-américains. « Le Brésil respecte la souveraineté des États, mais nous devons nous souvenir que seul est souverain un pays qui respecte son peuple et en prend soin », a ainsi averti M. Temer.

Le secrétaire général de l’Organisation des États d’Amérique (OEA), l’Urugayen Luis Almagro, est probablement le plus « offensif » à l’égard du pouvoir vénézuélien. En août, il avait réclamé plus de sanctions à l’égard de Caracas. Cette fois, lors d’un déplacement en Colombie, pays qui a des relations orageuses avec le Venezuela, il est est allé encore plus loin.

« En ce qui concerne une intervention militaire visant à renverser le régime de Nicolas Maduro, je pense que nous ne devons exclure aucune option », a en effet lancé M. Almagro, lors d’une conférence de presse donnée le 15 septembre à Cúcuta, ville colombienne qui est l’un des principaux d’entrée des migrants vénézuéliens en Colombie.

« Devant la souffrance des gens, devant l’exode (de la population) qu’il (le gouvernement vénézuélien), a provoqué, des actions diplomatiques doivent tout d’abord être menées, mais nous ne devons exclure aucune (autre) action », a ensuite précisé le secrétaire général de l’OEA.

Ce dernier a en outre souligné le caractère « dictarorial » du régime vénézuélien, auquel il a reproché d’avoir refusé une aide humanitaire que 11 pays d’Amérique latine lui avait demandé d’accepter. Il utilise « la misère, la faim, le manque de médicaments et des instruments répressifs pour imposer sa volonté politique au peuple […] ce qui est inadmissible », a dénoncé M. Almagro.

Lors d’une visite à Carthagène des Indes, où il s’est rendu en compagnie d’Ivan Duque, le président colombien, le secrétaire général de l’OEA a estimé que seule un régime démocratique au Vénézuéla permettrait de résoudre la crise migratoire.

« C’est une nécessité très claire, sinon le régime va continuer à nous mentir, va continuer à nous dire qu’il n’y a pas de crise, pas de pénuries, que le problème n’a pas de dimensions humanitaires », a fait valoir M. Almagro. « La crise migratoire vénézuélienne est absolument immorale car elle démontre l’indolence d’un gouvernement (…) à l’heure de traiter les problèmes, les besoins de son peuple », a-t-il insisté.

Pendant ce temps, M. Maduro effectuait une visite officielle en Chine, qu’il a qualifiée de « grande soeur » du Venezuela. À cette occasion, et après avoir rendu hommage à Mao Tsé-toung (« un des plus grands fondateurs du XXIe siècle multipolaire », un « géant de la patrie de l’humanité » et « des idées révolutionnaires », a-t-il dit, oubliant au passage les centaines de milliers de morts de la Révolution culturelle de 1966), il a signé 28 accords relatifs à une « coopération renforcée » dans l’exploration gazière, l’extraction d’or et les produites pharmaceutiques.

La Chine « est prête à renforcer les échanges d’expériences avec le Venezuela sur la manière de gouverner le pays », a par ailleurs affirmé Xi Jinping, le président chinois, après s’être entretenu avec M. Maduro.

Pour rappel, Pékin est le principal allié (et créancier) de Caracas. Au cours de ces dix dernières années, la Chine a prêté une cinquantaine de milliards de dollars au Venezuela, en échange de concessions pétrolières et minières. Selon le cabinet Ecoanalitica, M. Maduro aurait obtenu un nouveau prêt de 5 milliards de dollars ainsi qu’un délai pour rembourser ceux en cours.

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