M. Trump reproche à la Norvège de ne pas faire le nécessaire pour porter ses dépenses militaires à 2% du PIB

Le 19 juin, le président américain, Donald Trump, a envoyé un courrier au Premier ministre canadien, Justin Trudeau, pour lui faire part de la « frustration croissante » des États-Unis causée par le fait que le Canada n’ait « pas augmenté » ses dépenses militaires comme il s’y était engagé lors du sommet de l’Otan, organisé en septembre 2014 à Newport. Cela « compromet la sécurité de l’Alliance » et conforte les autres alliés « qui ne respectent pas non plus leurs engagements en matière de défense », a-t-il fait valoir.

Mais le Canada n’est pas le seul à être dans le collimateur de M. Trump, dont le cheval de bataille est une meilleure répartion du « fardeau » des dépenses militaires entre les pays membres de l’Otan. La Norvège a eu aussi droit à des reproches, dans une lettre adressée par le chef de la Maison Blanche au Premier ministre norvégien, Mme Erna Solberg.

Pourtant, n’étant pas membre de l’Union européenne, la Norvège est l’un des rares pays du Vieux Continent à avoir maintenu son budget de la Défense pendant la crise économique et financière de 2008. Et, en 2017, ses dépenses militaires ont été portées à 1,64% de son PIB.

Cependant, ce critère des 2% du PIB pour évaluer un effort de défense n’est sans doute pas le plus pertinent qui soit. Tout simplement parce qu’il ne reflète pas nécessairement les besoins financiers des forces armées d’un pays à un autre. Par exemple, les forces françaises sont chargées de mettre en oeuvre une dissuasion nucléaire et se doivent d’être à la hauteur d’une certaine ambition nationale… Ce qui n’est pas le cas de leurs homologues européennes.

Par ailleurs, l’on pourrait prendre un autre critère : celui des dépenses militaires par habitant. Et si l’on en fait un classement, il apparaît que la Norvège, avec 1.481 dollars/habitants se classe en seconde position, juste derrière les États-Unis (1.896 dollars) mais devant le Royaume-Uni (896 dollars), la France (760 dollars) et le Danemark (720 dollars).

Pour autant, M. Trump ne veut pas entendre parler de cette variable. Tout au plus est-elle un « premier pas » vers les 2% du PIB, avec l’achat, par la Norvège, d’équipements militaires américains, comme les 52 avions de combat F-35A.

« La Norvège est le seul pays de l’Otan limitrophe de la Russie qui n’a pas de plan crédible pour consacrer 2% du PIB à sa défense », a souligné M. Trump. À ce propos, l’Estonie et la Lettonie partagent aussi une frontière avec la Russie… Selon le rapport annuel de l’Otan, le premier de ces États baltes a porté ses dépenses militaire à 2,08% de son PIB en 2017 tandis que le second n’a pas encore atteint cet objectif (1,75%).

Quoi qu’il en soit, pour le chef de la Maison Blanche, la Norvège a une responsabilité particulière puisque, a-t-il fait valoir, elle est à la fois les « yeux et les oreilles » des Alliés sur le « flanc nord » de l’Otan. Aussi, il a dit s’attendre à un « engagement fort » de la part d’Oslo pour atteindre cet objectif des 2% du PIB de dépenses militaires.

« Il devient de plus en plus difficile de justifier auprès des citoyens américains pourquoi certains pays continuent à ne pas atteindre nos obligations communes en matière de sécurité », a écrit le président américain, qui reconnaît toutefois qu’il peut y avoir « beaucoup de pression au niveau national » pour augmenter significativement les dépenses militaires.

Lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision NRK, le 26 juin, le Premier ministre norvégien a réaffirmé que son objectif était de porter le montant du budget militaire à 2% du PIB d’ici 2024, conformément à l’engagement pris il y a bientôt quatre ans. Ce qui suppose une augmentation de 30% des crédits alloués à la Défense.

Pour rappel, la Norvège a récemment demandé à Washington un renforcement de la présence militaire américaine sur son territoire, qui consiste actuellement à la présence de 330 soldats du Corps des Marines à Vaernes.

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