Le manque de préparation et des négligences expliquent la mort de quatre commandos américains au Niger

Le 4 octobre 2017, une patrouille conjointe composée d’une dizaine de commandos des forces spéciales de l’US Army et soldats nigériens tombait dans une embuscade tendue par une centaine de combattants de l’État islamique au grand Sahara (EIGS) dans les environs immédiats du village de Tongo Tongo, près de la frontière séparant le Niger du Mali. Le bilan de cette attaque sera de 8 tués, dont 4 militaires américains.

Plus de six mois après les faits, le Pentagone a publié un résumé de 8 pages [.pdf] sur les 3.600 que compte le rapport d’enquête rédigé par le général Roger L. Cloutier Jr., le chef de l’état-major de l’US AFRICOM, le commandement américain pour l’Afrique.

Tout d’abord, l’officier a souligné que « de nombreux actes de bravoure se sont produits ce jour-là », comme ceux du sergent La David Johnson, tué « en engageant activement l’ennemi » et en se « battant jusqu’à la fin ». Son corps ne sera retrouvé que 48 heures après l’attaque.

Aucun des quatres commandos américains du 3rd Special Forces Group n’a été capturé : ils ont été « tués au combat », après avoir « subi des blessures immédiatement mortelles ou rapidement mortelles », indique le rapport.

En mars, l’EIGS avait diffusé une vidéo de l’embuscade de Tongo Tongo. Selon le résumé qui en fut fait, elle montrait trois militaires américains, isolés, tomber un à un sous les balles des terroristes. L’un d’eux, a priori sérieusement touché, fut « achevé » par un terroriste. À l’époque, le Pentagone s’était insurgé contre la diffusion de ce film qui mêlait les images des caméras installées sur les casques des soldats américains à des séquences filmées par les jihadistes.

Quoi qu’il en soit, les commandos américains n’auraient jamais dû se trouver dans une telle situation, étant donné qu’ils n’avaient pas été suffisamment préparés pour la mission qui leur fut assignée, qui plus est conduite dans une région où 46 attaques avaient été signalées par les Nations unies.

Cette Mission consistait à « trouver/surveiller et, si possible, capturer » un responsable de l’EIGS, en l’occurrence un certain Doundoun Cheffou, soupçonné d’être impliqué dans le rapt de Jeffrey Woodke, un travailleur humanitaire américain enlevé dans la région de Tahoua, en octobre 2016.

Or, les Bérets verts avaient été envoyés à Ouallam pour former des soldats nigériens et leur fournir une assistance en matière de contre-terrorisme. Mais seulement la moitié d’entre-eux avaient reçu « un entraînement collectif », affirme le rapport du Pentagone. En outre, aucun exercice n’avait été préalablement conduit avec les forces nigériennes.

Qui plus est, une telle mission n’aurait jamais dû être approuvée dans la mesure où sa description [concept des opérations, ou CONOPS] n’était qu’un copier-coller d’une autre menée précédemment. Ce qu’un « manque d’attention dans les détails » n’a pas permis de détecter, souligne le rapport. En outre, le niveau de commandement à qui elle a été adressée n’était pas approprié.

Aussi, insiste l’enquête du général Cloutier Jr, tous ces éléments « ont contribué à un manque général de prise de conscience de la situation et de supervision de la part du commandement à tous les échelons. » Il s’agit d’une combinaison « d’erreurs et de faiblesses individuelles, organisationnelles et institutionnelles », conclut le rapport.

Le bilan de l’embuscade de Tongo Tongo aurait pu être bien plus lourd sans l’intervention des forces françaises. Ces dernières ont reçu une demande d’appui aérien 53 minutes après le début des combats. Une patrouille de Mirage 2000 est arrivée 47 minutes plus tard. Ne pouvant pas intervenir directement étant donné la confusion sur le terrain, les pilotes français ont fait un « show of force » [démonstration de force], consistant à réaliser des passages à très basse altitude (au niveau de la cime des arbres), lesquels ont contraint les jihadistes à prendre la fuite.

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