Le Pentagone met en garde contre une « résurgence » de Daesh en Syrie

Même s’il a perdu 98% des territoires qu’il contrôlait depuis 2014, l’État islamique (EI ou Daesh), dont on a aucune certitude sur le sort de son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, n’a pas encore été totalement éradiqué. Cela vaut pour l’Irak, où redevenu clandestin, il est passé en mode « insurrectionnel », comme pour la Syrie.

Ainsi, d’après les informations patiemment compilées par l’auteur d’Historicoblog, l’EI reste actif dans la partie occidentale de la province irakienne d’al-Anbar, frontalière avec la Syrie. Là, profitant des difficultés des forces irakiennes dans les zones rurales, il multiplie les embuscades et les coups de main.

Dans celle de Ninive, l’EI compte des cellules (dormantes) qui se livrent à des assassinats ciblés. Enfin, il se maintient dans un secteur situé à l’intersection des limites des régions de Salahuddine, Kirkouk et Diyala. Le risque [.pdf] est de voir l’organisation profiter à nouveau des dissensions internes en Irak et d’encourager les rivalités entre sunnites et chiites.

En Syrie, l’EI a pu conserver ses positions dans la proche banlieue de Damas, c’est à dire dans le camp palestinien de Yarmouk. Le 20 mars, il a même lancé une offensive surprise contre les forces du régime dans le quartier d’al-Qadam, en profitant de l’évacuation des rebelles et de leurs familles. Le bilan de cette attaque est incertain, certains avancent une centaine de tués parmi les soldats syriens, d’autres parlent d’une trentaine de tués.

Dans l’est du pays, la situation est au point mort. Les forces les plus aguerries du régime n’ont réalisé aucune avancée depuis la prise d’al-Boukamal, en novembre 2017 étant donné qu’elles ont ensuite été redéployées dans la région d’Idleb et dans celle de la Ghouta orientale.

Aussi, l’EI a maintenu ses positions dans la province de Deir ez-Zor et reste « aussi actif entre les villes de Mayadin et al-Boukamal », tout en continuant d’harceler « les voies de communication et les installations du régime syrien » dans le désert de cette région. Début avril, au moins 19 combattants pro-régime auraient été tués dans plusieurs attaques menées par Daesh dans la ville de Boukamal et dans sa périphérie.

Cette situation a été confirmée le 17 avril par le colonel Ryan Dillon, le porte-parole de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

« Lorsque l’on observe l’EI dans des zones où nous ne sommes pas présents, où nous n’appuyons pas nos partenaires sur le terrain, il y a des éléments de l’EI qui ont été capables de revenir et de prendre des territoires (y compris dans) certains quartiers du sud de Damas », a-t-il en effet relevé.

Cependant, s’agissant des environs de Damas, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a fait état de raids aériens menés entre les 17 et 18 avril par les forces syriennes contre « plusieurs positions de Daesh dans le camp de Yarmouk et à Hajar al-Aswad »

« Nous avons assisté à un début de résurgence de l’EI dans des zones à l’est de la rivière Euphrate », a aussi affirmé le colonel Dillon. Cela s’explique par l’attitude des forces du régime mais aussi par les opérations des Forces démocratiques syriennes (FDS) contre l’EI, lesquelles sont à l’arrêt. En cause? L’offensive turque dans le canton d’Afrin, tenu par les milices kurdes syriennes. Cela a conduit ces dernières à dégarnir le front contre l’organisation jihadiste.

« Aucune progression marquante n’a été enregistrée contre l’EI depuis que les membres kurdes des FDS sont partis », a ainsi déploré le colonel Dillon.

Illustration : Situation au 18/04/2018 – via https://isis.liveuamap.com/

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