Les pays baltes vont demander aux États-Unis de renforcer la défense aérienne du flanc oriental de l’Otan

Dans le cadre de l’affaire Skripal, du nom de cet ancien officier du renseignement russe dont la tentative d’assassinat, en Angleterre, aurait été commanditée depuis Moscou, les États-Unis ont durci le ton face à la Russie, en expulsant 60 diplomates et en fermant le consulat russe de Seattle (en raison de sa proximité avec la base navale de Kitsap-Bangor). Et c’est dans ce contexte que les dirigeants des pays baltes (Lituanie, Estonie, Lettonie) seront reçus, ce 3 avril, par le président Trump, à la Maison Blanche.

Aussi, le moment est sans doute propice pour demander aux États-Unis [et non à l’Union européenne] de renforcer leur présence militaire dans la région de la Baltique, où les activités russes suscitent quelques craintes, surtout depuis l’annexion de la Crimée et du conflit dans le Donbass (sud-est de l’Ukraine).

« J’espère que les Etats-Unis et les autres alliés comprennent que l’espace aérien des pays baltes doit être mieux protégé et défendu », a ainsi expliqué Dalia Grybauskaite, la présidente de la Lituanie, sur les ondes de la radion publique LRT, avant de prendre la direction de Washington. « Il est important que [les troupes américaines] se trouvent en rotation permanente dans tous les pays baltes », a-t-elle ajouté.

Dans le cadre de la posture de dissuasion et de défense renforcée de l’Otan, quatre bataillons multinationaux ont déjà été déployés dans les pays baltes et la Pologne. Il s’agit de dissuader d’éventuelles actions russes dont l’intensité serait en deçà d’un seuil qui justifierait un recours à l’article 5 du traité de l’Atlantique-Nord, et donc à la clause de défense collective.

En outre, l’Otan conduit également la mission Baltic Air Policing, qui consiste à envoyer, par rotation, des avions de pays membres dans les pays baltes afin d’assurer la surveillance et la protection de leur espace aérien.

Cependant, que ce soit à Vilnius, Riga ou Tallinn, l’on estime que ces mesures sont encore insuffisantes. Notamment pour faire face aux missiles balistique Iskander déployés dans l’enclave russe de Kaliningrad, coincée entre la Pologne et la Lituanie. Aussi demandent-ils régulièrement le déploiement de batteries antimissile dans la région.

Selon un haut responsable lituanien, cité par l’AFP, l’un des enjeux de la visites des trois dirigeants baltes à la Maison Blanche sera d’obtenir l’envoi plus fréquent de « batteries de missiles antimissiles Patriot pour des exercices militaires », comme cela fut le cas en juillet dernier, à l’occasion des manoeuvres « Tobruq Legacy. »

Parmi les membres de l’Otan, les pays baltes font partie des « bons élèves » étant donné que leurs dépenses militaires respectives sont équivalentes à 2% de leur PIB. Ce qui devrait leur valoir un satisfecit de la part de M. Trump.

« Le président veut montrer que ces pays établissent un niveau auquel nous voudrions voir nos alliés arriver en termes de (dépenses pour la) défense », a en effet indiqué Anne Hall, l’ambassadrice des États-Unis en Litunie.

Lors de la course à la Maison Blanche, M. Trump avait remis en cause le principe de défense collective, en affirmant que, en cas de victoire, il déciderait d’une intervention américaine au profit d’un allié agressé après avoir vérifié s’il avait bien rempli ses obligations en termes de dépenses militaires. Depuis, Washington a annoncé son intention de revoir à la hausse son engagement en Europe, via l' »European Deterrence Initiative » (EDI), dotée de 6,531 milliards de dollars (contre 4,7 milliards actuellement).

Par ailleurs, et M. Trump devrait y être sensible, il est aussi question pour la Lituanie d’augmenter ses importations de gaz naturel liquéfiés en provenance des États-Unis, afin de réduire sa dépendance auprès du groupe russe d’énergie Gazprom.

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