Un ancien soldat britannique poursuivi par la justice pour « terrorisme » après avoir combattu l’EI en Syrie

Les milices kurdes syriennes, (Unités de protection du peuple ou YPG), ont joué un rôle crucial dans la défaite militaire de l’État islamique (EI ou Daesh), avec l’appui de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis. Seulement, liées au Parti de l’union démocratique (PYD), mouvement « frère » du Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK), elles sont considérées comme terroristes par Ankara.

En 2014, et alors que l’EI était en phase d’expansion, de nombreux volontaires occidentaux ont rejoint les YPG pour combattre les jihadistes en Syrie. Plusieurs y ont d’ailleurs laissé la vie. Cependant, leur retour dans leur pays d’accueil peut donner lieu à des situations ubuesques, comme le britannique James Matthews.

En effet, cet ancien soldat de la British Army, qui a servi en Bosnie-Herzégovine dans les années 1990, est poursuivi par la justice britannique pour terrorisme, alors qu’il venait de rentrer au Royaume-Uni après avoir combattu l’EI à Raqqa.

Sa décision de partir en Syrie a été prise après avoir vu des images montrant un jihadiste tenant la tête coupée d’une femme. « Cela m’a semblé être l’une des choses les plus dures que j’ai vues et cela m’a beaucoup affecté. Nous devons reprendre ces territoires et le faire de force. Nous combattons un mouvement commettant ces atrocités barbares qui appartient un autre âge », expliquera James Matthews, dans un documentaire diffusé l’an passé par Channel 4 et intitulé « The Brits Battling ISIS ».

Convoqué le 14 février par le tribunal de Westminster, il lui a été précisément reproché de « s’être rendu, le 15 janvier 2016 ou avant cette date, à un ou plusieurs endroits en Syrie et en Irak où étaient dispensés des formations ou des entraînements en vue d’instiguer ou préparer des actes terroristes ». Lors de l’audience, l’ex-soldat a plaidé non-coupable. Il comparaîtra à nouveau le 1er mars prochain devant la cour criminelle de l’Old Bailey, à Londres.

C’est la première fois qu’un volontaire parti combattre l’EI aux côtés des miliciens kurdes syriens est inquiété par la justice. Jusqu’à présent, les autorités fermaient les yeux, bien que la loi (Terrorism Act de 2006) interdit aux sujets britanniques de prendre part à un conflit étranger pour une cause politique ou idéologique, sous peine de s’exposer à des poursuites.

L’avocat de James Matthews, Me Joel Bennathan, n’a pas manqué de souligner l’absurdité de la situation dans laquelle se trouve son client, en soulignant qu’il s’est battu au sein d’une milice qui bénéficiait d’un appui fourni par une coalition à laquelle appartient le Royaume-Uni.

Ce que d’autres combattants occidentaux, qui, théoriquement, risquent tout autant d’être poursuivis à leur retour, mettent aussi en avant. Ainsi, ils pourraient être considérés non pas comme des terroristes mais comme des mercenaires.

« Il serait quelque peu hypocrite de la part de la France de poursuivre des gens qui combattent avec les YPG, alors qu’à quelques kilomètres d’ici, vous avez les forces spéciales françaises qui font de même », a plaidé Kendal Breizh, un volontaire français ayant rejoint les miliciens kurdes syriens, auprès de franceinfos, le 1er février dernier. En outre, a-t-il assuré, les combattants étrangers ne sont pas payés.

Quoi qu’il en soit, si le PKK turc et sa branche dissidente, appelée « Les faucons de la liberté du Kurdistan » (TAK), sont effectivement considérés comme des organisations terroristes par l’Union européenne [.pdf], ce n’est pas le cas du PYD et de son bras militaire.

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