Les futurs pétroliers-ravitailleurs de la Marine nationale seront de conception italienne

Selon la réglementation en vigueur, les trois Bâtiments de commandement et de ravitaillement (BCR) de la Marine nationale, dont la conception remonte aux années 1980, ne devraient pas naviguer étant donné qu’ils n’ont qu’une simple coque. Aussi, le lancement du programme FLOTLOG (Flotte Logistique) est devenu d’autant plus urgent qu’il a souffert, par le passé, de reports. Tout comme d’ailleurs celui appelé « BATSIMAR », qui prévoit le renouvellement des patrouilleurs hauturiers.

Lors de ses voeux aux Armées, le 19 janvier dernier, à Toulon, le président Macron a indiqué que ces deux programmes seraient (enfin) lancés dans le cadre de la prochaine Loi de programmation militaire (LPM). Mieux : il a même précisé que les pétroliers-ravitailleurs seraient remplacés et que leur nombre serait augmenté. Au minimum, la Marine nationale devrait donc disposer non pas de trois mais de quatre navires de ce type.

En 2012, Naval Group (ex-DCNS) avait été chargé par la Direction générale de l’armement d’étudier le renouvellement des BCR via un contrat d’études amont d’un montant de 10 millions d’euros. À l’époque, le constructeur naval français avait déjà dans ses cartons un concept, appelé BRAVE (Batiment RAvitailleur d’Escadre). L’idée était de construire un navire pouvant emporter jusqu’à 16.000 m3 de liquides, avec une zone arrière modulable en fonction des missions et un poste de commandement susceptible d’accueillir un état-major. Deux hélicoptères devaient compléter l’armement de ce nouveau type de navire.

Mais, visiblement, le concept BRAVE ira enrichir les archives de Naval Group… En avril dernier, alors que Fincantieri venait d’obtenir un accord pour reprendre le chantier naval STX France à Saint-Nazaire, le ministère italien de la Défense affirma que son homologue français venait de « demander officiellement de coopérer avec l’Italie, via l’OCCAr [Organisation conjointe de coopération en matière d’armement] pour la construction de 3 navires de soutien logistique, sur la base des projets réalisés » pour le futur pétrolier-ravitailleur de la Marine Militare, à savoir le A5335 Vulcano.

Seulement, après les élections du printemps 2017, les conditions de l’accord relatif à la reprise de STX France ont dû être renégocié (dans la douleur) entre Rome et Paris. Dans le même temps, le gouvernement français a plaidé pour un rapprochement, dans le domaine des navires de surface, entre Naval Group et Fincantieri, les deux entreprises étant alors appelées à former une alliance similaire à celle réunissant Renault et Nissan dans le secteur de l’automobile.

Peu avant le déplacement, à Rome, de Florene Parly et de Bruno Le Maire, respectivement ministres des Armées et de l’Économie, l’Hôtel de Brienne a confié à l’AFP que l’un des enjeux des discussions avec la partie italienne porterait justement sur le renouvellement, à l’horizon 2020, des pétroliers-ravitailleurs de la Marine.

« L’Italie a déjà lancé la production d’un pétrolier ravitailleur, et la France s’appuiera sur ce design italien pour faire construire ses propres bâtiments à Saint-Nazaire », a indiqué l’AFP. Ainsi, a-t-on fait valoir au ministère des Armées, « les flottes française et italienne seront très similaires et parfaitement interopérables. »

Reste à voir quel sera le rôle exact du chantier naval STX de Saint-Nazaire. En Italie, trois sites participent à la construction de l’A5335 Vulcano : un fabrique la partie avant, un second s’occupe de la partie arrière tandis qu’un troisième assemble tout.

Le LSS (logistic support ship) A5335 Vulcano est un navire affichant un déplacement de 26.000 tonnes environs. Long de 179 mètres (pour 24 m de large), il est en mesure d’accueillir deux hélicoptères ainsi qu’un hôpital de rôle 2. Mis en oeuvre par 167 marins, il peut emporter jusqu’à 11.200 m3 de liquides (carburant, eau douce), 220 tonnes de munitions, 15 tonnes d’huile lubrifiante, 30 000 rations alimentaires, 20 tonnes de pièces de rechange et 8 conteneurs de 28 tonnes.

Par ailleurs, a indiqué le ministère des Armées, le rapprochement entre Fincantieri et Naval Group doit permettre d’éviter les luttes fratricides à l’exportation entre les deux groupes et de développer des synergies en matière de recherche, d’achats, de processus industriels et de maintenance. L’idée est de permettre de « construire en France des bateaux sur plans italiens et vice versa. » Ce qui suppose des « dépendances mutuelles. »

« Nous allons avoir besoin de faire un accord intergouvernemental entre la France et l’Italie pour consentir ces dépendances mutuelles. […] L’idée est de graver dans le marbre le fait que dans le domaine des bâtiments militaires de surface, il y a une alliance entre Naval Group et Fincantieri et donc ils peuvent s’échanger des informations, des études, des matériels, et donc aller vite, être compétitifs, efficaces », explique-t-on au ministère des Armées.

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