Pour l’État-major des armées, la « bascule » de l’EI vers une « forme insurectionnelle » semble se confirmer

Après al-Qaïm, il restait aux forces irakiennes à reprendre une dernière localité à l’État islamique (EI ou Daesh) : celle de Rawa, située dans la vaste province d’al-Anbar, dans l’est de l’Irak. C’est désormais chose faite, à l’issue d’une ultime offensive qui aura duré quelques heures seulement.

Les forces irakiennes et les unités paramilitaires tribales « ont libéré l’ensemble de Rawa et ont hissé le drapeau irakien sur l’ensemble de ses bâtiments officiels », a en effet indiqué, ce 17 novembre, un communiqué du général Abdelamir Yarallah, du Commandement conjoint des opérations (JOC), lequel regroupe l’ensemble des unités engagées contre Daesh.

Comme lors des précédents cas, des opérations de déminage sont en cours pour neutraliser les nombreux engins explosifs improvisés (IED) laissés par les jihadistes.

L’assaut avait été donné à l’aube. Et les officiers irakiens s’attendaient à une issue rapide étant donné que, selon un général cité par l’AFP, « la majorité des combattants de l’EI qui s’y trouvaient se sont enfuis vers la frontière syrienne », très probablement à Boukabal, le dernier bastion urbain de l’organisation jihadiste en Syrie, actuellement sous le feu des forces syriennes et de l’aviation russe.

Tant pour la reprise d’al-Qaïm que pour celle de Rawa, les artilleurs français de la Task Force (TF) Wagram, dotée de quatre CAESAr (Camions équipés d’un système d’artillerie) ont été de la partie, comme leurs homologues américains de la TF Lion.

Après avoir appuyé les forces irakiennes à Mossoul, puis à Tal Afar et Hawija, la TF Wagram a été redeployée sur la base de Al-Assad, qui, située dans la province d’al-Anbar, fut longtemps menacée par l’EI. Ce mouvement depuis Erbil a représenté un « réel défi logistique » pour les artilleurs français, au vu, explique l’État-major des armées (EMA) de la « la situation sécuritaire du pays, de la distance parcourue, et de conditions météorologiques particulièrement difficiles. »

« Intégrée dans la manœuvre de la Coalition, la mobilité de Wagram a permis aux combattants irakiens de continuer de bénéficier d’appuis variés afin de maintenir une pression constante sur l’ennemi », a encore fait valoir l’EMA.

Pour la reprise d’al-Qaïm, les artilleurs français ont effectué une trentaine de missions de tir (chacune suppose la consommation d’une dizaine d’obus de 155 mm). Pour la préparation de l’assaut contre les positions de Daesh à Rawa, 13 autres ont été nécessaires.

En tout, depuis son premier coup de canon, en septembre 2016, la TF Wagram a réalisé 1.541 missions de tirs. Ce qui représente plus de 10.000 obus tirés et l’usure prématurée de 27 « tubes » d’artillerie sur 77 disponibles.

Quant à l’activité aérienne de la force Chammal, les avions français (Rafale, Atlantique 2) ont effectué 26 sorties pour une seule frappe, réalisée dans le secteur d’al-Qaïm.

Cela étant, si l’État islamique a perdu toutes les localités qu’il contrôlait en Irak depuis 2014, l’affaire n’est pas terminée pour autant.

« Au fur et à mesure des combats et de la dégradation des capacités de Daesh, la bascule de l’organisation vers une forme insurrectionnelle semble se confirmer », indique en effet l’EMA.

Ainsi, de nombreux jihadistes tentent de se « fondre dans les flux des réfugiés fuyant les zones des combats dans l’Anbar » et une « dispersion des combattants de Daesh dans le désert de Jézirah » a été observé, précise-t-on du côté de l’état-major. En outre, les forces irakiennes sont toujours à l’oeuvre dans la poche de Hawija.

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