Pour sa défense aérienne, l’Arabie Saoudite se tourne vers les États-Unis et la Russie

Traditionnellement, le marché saoudien de l’armement est une chasse gardée des industriels occidentaux, en particulier américains. L’une des raisons tient au fait que d’autres fournisseurs potentiels, comme la Russie, la Chine, voire la Corée du Nord, entretiennent des relations étroites avec l’Iran chiite, pays rival de l’Arabie Saoudite au Moyen Orient.

Cela étant, dans le cadre de son programme « Vision 2030 », le royaume saoudien cherche à développer sa propre industrie de l’armement, afin de moins dépendre des approvisionnements étrangers. C’est ainsi que Riyad et Pékin ont conclu un accord portant sur la production de drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) CH-4 en Arabie Saoudite, les États-Unis ayant mis un veto à l’exportation de cette capacité vers les pays du Moyen-Orient. Même chose pour les missiles balistiques, les forces saoudiennes s’étant procuré des engins de type Dong-Feng-3 et Dong-Feng 21, de facture chinoise.

En matière de défense aérienne, l’Arabie Saoudite a, jusqu’à présent, compté sur les systèmes américains MIM-23 Hawk et MIM-104 Patriot. Mais cela risque de changer prochainement. En effet, la semaine passée, à l’occasion d’une visite du roi Salman à Moscou, un protocole d’accord a été signé pour livrer à la Royal Saudi Air Defence (RSADF) un nombre indéterminé de systèmes S-400 « Triumph » (code Otan : SA-21 Growler). Un équipement dont les forces iraniennes ne sont même pas encore dotées.

D’après la Saudi Arabian Military Industries (SAMI), cet accord préliminaire est basé sur « l’assurance d’un transfert de technologie et de la délocalisation de la fabrication et et de la maintenance de ces systèmes en Arabie Saoudite. » En outre, il est aussi question de la fourniture de missiles antichars Kornet-EM, de lances-roquettes TOS-1A et de fusils d’assault Kalachnikov AK-103.

Version évoluée du S-300 (vendu à l’Iran) et doté de radars radars mobiles multi-fréquences à antennes actives (bandes VHF, L, X), le système S-400 serait en mesure de viser simultanément jusqu’à 40 cibles hostiles  situées à 400 kilomètres de distance.

Peu après l’annonce de cet accord, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA), l’organisme chargé des exportations américaines d’armements, a recommandé au Congrès de donner un feu vert à la vente à l’Arabie Saoudite de 44 lanceurs THAAD [Terminal High Altitude Area Defense), de 360 missiles destinés à l’interception, de 7 radars AN/TPY-2 et de 16 stations de communication pour un montant total de 15 milliards de dollars.

Conçu pour l’interception de missiles balistiques à courte et moyenne portée, le système THAAD a déjà été vendu aux Émirats arabes unis et au Qatar. Aussi, pour la DSCA, cette vente à l’Arabie Saoudite ne « ne modifiera pas l’équilibre des forces dans la région. »

Cela étant, cette vente n’est nullement une surprise puisqu’elle fait partie de la série d’accords conclus lors de la visite du président américain, Donald Trump, à Riyad, en mai dernier.

Reste que ces accords et ces autorisations de vente ont été annoncés alors que la coalition qui, dirigée par l’Arabie Saoudite, intervient actuellement au Yémen contre les rebelles Houthis soutenus par l’Iran, a été inscrite sur la liste noire des Nations unies relative aux pays et entités ayant commis des meurtres ou des mutilations d’enfants.

« Au Yémen, les actions de la coalition ont provoqué en 2016 lors d’attaques d’écoles ou d’hôpitaux 683 victimes enfants lors de 38 événements vérifiés », a ainsi souligné un rapport d’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU.

Ce qu’a vivement contesté Riyad, qui a rejeté les « les informations et chiffres erronés et trompeurs contenus dans [ce] rapport ». « Nous faisons le plus attention possible pour éviter de blesser des civils », a même fait valoir Abdallah Al-Mouallimi, l’ambassadeur saoudien auprès des Nations unies.

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