Libye : La reprise de Syrte est loin d’avoir réduit la menace jihadiste

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Au terme de l’opération « Bouniyan el-Marsous » (Mur solide), appuyée par des frappes américaines, l’État islamique (EI ou Daesh) a donc été chassé de Syrte et a ainsi perdu la dernière agglomération importante qu’il contrôlait en Libye.

Pour le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui participait au Forum sur la paix et la sécurité de Dakar, c’est évidemment une « très bonne nouvelle ». Mais si « la défaite de Daesh à Syrte est un acte très fort », elle « ne peut-être qu’une étape », a-t-il ajouté.

« Je craignais en particulier l’hypothèse de la création d’un territoire de l’État islamique en Libye, ça a failli avoir lieu, Derna, Benghazi, Syrte où des tentatives ont été menées, elles ont échoué et les milices libyennes qui ont libéré Syrte méritent d’être saluées », a affirmé le ministre français. « Mais ce n’est pas fini puisqu’il y a des groupes qui se sont éparpillés sur un territoire qui est très grand et puis ceux qui se réclament d’Al Qaïda », a-t-il souligné.

Par ailleurs, M. Le Drian estime que la victoire obtenue à Syrte par les forces loyales au gouvernement d’union nationale (GNA), dirigé par Fayez al-Sarraj, peut être un « élément stimulant pour aboutir à l’intégration politique et la reconnaissance politique par les Libyens eux-mêmes ».

Pour rappel, la Libye a deux gouvernements (si pas trois…). Outre celui dirigé par M. al-Sarraj, il faut en effet compter sur celui soutenu par le Parlement de Tobrouk, qui s’appuie sur « l’Armée nationale libyenne » (ANL), commandée par le général Khalifa Haftar, qui conduit des opérations anti-jihadistes dans la région de Benghazi.

« La France a fait savoir qu’elle était prête à aider M. Sarraj et son gouvernement, y compris en formant sa garde nationale en donnant des éléments de renseignement », a indiqué M. Le Drian, pour qui il « importe que tous les acteurs de l’environnement libyen parlent d’une même voix. »

De son côté, Martin Kobler, l’émissaire des Nations unies en Libye, s’est montré prudent. « La lutte contre le terrorisme a produit des résultats mais ces avancées ne sont pas irréversibles », a-t-il fait valoir devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Et même si l’EI a été chassé de Syrte, il « reste une menace », a-t-il souligné.

Le fait est. Le dernier rapport sur la situation en Libye, remis le 1er décembre par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, au Conseil de sécurité, précise que la présence de l’EI se limitait « désormais à de petites poches à Syrte et à Benghazi » et que « des groupes et des cellules plus petits sont encore actifs dans tout le
pays. »

Ce qu’a confirmé, depuis Dakar, Moussa el-Koni, l’un des vice-Premiers ministres du GNA. Selon lui, des éléments de l’EI seraient « en contact avec al-Qaïda dans le nord et le sud du pays ». « Nous savons que des groupes ont réussi à fuir » (de Syrte) et il est possible qu’ils « aient réussi à « s’abriter dans le désert, avec peut-être des cellules dormantes dans un certain nombre de pays » de la région, a-t-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, il y a encore beaucoup de chemin à faire pour débarrasser la Libye de la menace extrémiste. Ce 7 décembre, des groupes armés liés à la « Brigade de défense Benghazi », celle qui affirma, en juillet, avoir abattu un hélicoptère de l’ANL, à bord duquel se trouvaient trois militaires francais du Service Action de la DGSE, se sont emparés de la ville de Ben Jawad, lors d’une offensive visant le croissant pétrolier libyen.

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