La Pologne renonce à l’achat de 50 hélicoptères Caracal

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Il y a tout juste un mois, lors du salon de l’armement de Kielce, en Pologne, les dirigeants d’Airbus Helicopters affichaient leur optimisme au sujet des négociations portant sur l’achat, par Varsovie, de 50 hélicoptères de manoeuvre H225M Caracal pour environ 3 milliards d’euros.

Pour rappel, l’annonce du choix du Caracal fut faite en avril 2015 par le gouvernement de centre-droit dirigé par Ewa Kopacz. Mais, quelques mois plus tard, le parti « Droit et Justice » (PiS), jusqu’alors dans l’opposition, remportait les élections législatives organisées quelques mois plus tard.

Et comme ce dernier était favorable aux concurrents d’Airbus Helicopters, à savoir l’américain Sikorsky et AgustaWestland, qui, respectivement, assemblent en Pologne des hélicoptères S-70 Blackhawk et AW-149, la perspective d’une commande de Caracal semblait s’éloigner…

D’autant plus que le nouveau ministre polonais de la Défense, Antoni Macierewicz souffla le chaud et le froid sur ce dossier, évoquant tantôt une possible réduction de commande, tantôt une relance de l’appel d’offres si les négociations portant sur les investissements compensatoires (offset) consentis par Airbus Helicopters n’étaient pas suffisants.

Justement, sur ce point, le constructeur de Marignane avait déjà inauguré un centre de recherches à Lodz avant d’établir un partenariat avec le groupe polonais WZL-1 afin d’installer, dans la même ville, une ligne d’assemblage pour les 50 Caracal qui seraient commandés par l’armée polonaise ainsi que 20 autres exemplaires destinés à l’exportation. En outre, l’assurance avait été donnée à Varsovie que la maintenance des appareils allait être assurée en Pologne.

« Nous commençons à entrevoir la fin prochaine de ces négociations, et nous pouvons aborder l’avenir avec optimisme. Notre offre à la Pologne est très riche, elle prévoit d’importants transferts et des coopérations en recherche et développement », avait ainsi affirmé, dans les colonnes du quotidien « Le Monde », Sebastian Magadzio, le président d’Airbus Group Pologne, lors du salon de Kielce.

Mais, visiblement, l’offre d’Airbus Helicopters n’a pas semblé suffisante aux yeux du gouvernement polonais. Le 4 octobre, il a annoncé la rupture des négociations sur ce contrat relatif aux 50 Caracal.

« Les divergences dans les positions de négociations des deux parties ont rendu impossible un compromis, ainsi la poursuite des négociations devient sans objet », a fait savoir le ministère polonais du Développement. En conséquence, a-t-il poursuivi, « la Pologne considère comme terminées les négociations de l’accord offset avec Airbus Helicopters, relatives à l’achat des hélicoptères multirôle Caracal pour l’armée polonaise », étant donné que « l’interlocuteur n’a pas présenté de proposition offset répondant à l’intérêt économique et la sécurité de l’Etat polonais. »

En février, M. Macierewicz avait dit souhaiter que le « Caracal ait sa contribution à la modernisation du parc d’hélicoptères polonais ». Et d’ajouter : « Nous continuons à négocier (l’achat) des Caracal, nous voulons qu’il profite à la Pologne, mais nous souhaitons nous appuyer sur les usines polonaises de Mielec (*) et Swidnik (**) sans renoncer aux Caracal. »

À l’époque, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait prévenu son homologue polonais. « Il est difficile d’accepter qu’un appel d’offres qui a été gagné soit remis en cause pour des raisons politiques. Cela voudrait dire qu’on a un problème politique avec les pays qui l’ont contracté », aurait-il dit.
(*) qui assemble des S-70 Blackhawk de Sikorsky
(**) qui assemble des AW-149 d’AgustaWestland

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