L’armée suédoise est officiellement de retour de façon permanente sur l’île de Gotland

suede-20140423En raison de l’intensification des activités militaires russes dans la région de la Baltique, consécutive à l’annexion de la Crimée, la Suède, qui n’est pas membre de l’Otan, a décidé d’augmenter son effort de défense et de remilitariser la stratégique île de Gotland que ses forces armées abandonnèrent après la fin de la Guerre froide.

Il s’agit-là d’un tournant pour Stockholm. Jusqu’alors, la tendance était à la baisse continue des dépenses militaires, au point que, en décembre 2012, le général Sverker Göranson, alors chef d’état-major des forces armées suédoises, lança un pavé dans la marre en affirmant publiquement que la Suède ne tiendrait pas une semaine en cas d’une « attaque limitée ».

Et cela donna lieu à un vif débat qui gagna en intensité après un raid simulé de l’aviation russe contre deux bases aériennes suédoies lors des fêtes de Pâques, en 2013. Et puis il y eut l’épisode des activités sous-marines suspectes détectés dans l’archipel de Stockholm un an et demi plus tard.

Désormais, la question d’une adhésion de la Suède à l’Otan est désormais posée, ce qui n’est pas vu d’un très bon oeil du côté de Moscou, où l’on a promis aux autorités suédoises des « représailles » si cette perspective devenait réalité.

En attendant, l’heure est donc à la remontée en puissance des forces suédoises, lesquelles ne comptent plus que 150 avions de combat (contre 400 dans les années 1990) et 7 bataillons (contre 116). Et cela passe aussi par une présence militaire permanente sur l’île de Gotland. Ce retour a été officialisé le 14 septembre par le général Micael Bydén, l’actuel chef d’état-major suédois.

« La situation autour de nous a empiré avec le temps et cela fait que j’ai décidé, concernant notre présence permanente, d’installer plus tôt que prévu le groupe de combattants », a ainsi affirmé le général Bydén, lors d’un entretien accordé à la chaîne publique SVT. « Nous ne voyons pas de menace d’invasion. Nous marquons la souveraineté suédoise », a expliqué le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist.

Pour le moment, cette présence se limite à une compagnie d’infanterie mécanisée de seulement 150 soldats. Mais il est prévu de l’étoffer d’ici juillet 2017.

Deux secteurs sont importants en raison de leur position stratégique dans la région de la mer Baltique : l’archipel d’Åland, qui appartient à la Finlande, et l’îlede Gotland. La défense du premier est compliquée étant donné qu’il a un statut de territoire démilitarisé au regard du droit international. Ce qui n’est pas le cas du second.

D’après Karlis Neretnieks un analyste suédois spécialiste des questions de défense, « si la Russie en venait à s’emparer de l’île de Gotland (…) elle pourrait y installer des missiles sol-air mobiles, lesquels, en plus de compromettre la sécurité des Alliés de la région, risqueraient de limiter la marge de manœuvre dont l’Otan dispose pour défendre les États concernés. »

En clair, la défense des pays baltes seraient très compliquée et le contrôle de cette île permettrait de verrouiller la mer Baltique, où le trafic maritime est important.

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Outre la hausse de son effet de défense et la remilitarisation de l’île de Gotland, la Suède va réactualiser son concept de « défense totale« , selon des recommandations faites en juin par le général Bydén et Helena Lindberg, la directrice de l’Autorité de protection civile et de préparation (MSB). Et cela afin de répondre aux menaces de « guerre hybride », qui fait appel à des moyens militaires et non militaires (cyberattaques, influence, désinformation, diplomatie, économie, etc).

Ainsi, d’ici 2020, ce concept de défense total, qui combine et coordonne des moyens civils et militaires, devra permettre à la Suède de continuer à fonctionner dans des conditions perturbées et à répondre à une attaque armée, ce qui demande un « renforcement systématique et continu des capacités à tous les niveaux. »

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