Russes et Américains s’accusent mutuellement d’être à l’origine d’un incident naval

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D’habitude, c’est le Pentagone qui reproche aux forces russes d’effectuer des manoeuvres dangereuses autour de ses avions de renseignement et de ses destroyers. Et, comme à chaque fois, le ministère russe de la Défense s’en défend.

Mais, pour le dernier incident en date, qui a eu lieu le 17 juin en Méditerranée, les rôles ont été inversés. Ainsi, Moscou a accusé le destroyer USS Gravely, de la classe Arleigh Burke, de s’être approché à une distance « dangereuse » du patrouilleur russe Iaroslav Moudryï.

Ainsi, l’USS Gravely se serait approché « dangereusement », à une distance de « 60-70 mètres » avant de passer devant le patrouilleur russe « à une distance dangereuse de 180 mètres de sa proue ».

Et de dénoncer ainsi une « violation grossière des règles internationales sur la prévention des collisions en mer et d’un accord intergouvernemental russo-américain de 1972 sur la prévention des incidents en haute mer et dans l’espace aérien situé au-dessus » par l’équipage le commandant et l’équipage de l’USS Gravely.

L’accord intergouvernemental évoqué par le ministère russe de la Défense, appelé INCSEA, fut négocié pendant 4 ans entre les États-Unis et l’Union soviétique suite à l’accident, en 1968, d’un avion Tu-16 Badger qui avait enchaîné les passes à basse altitude au-dessus du porte-avions américain USS Essex, en mer de Norvège.

En mai dernier, l’amiral John Richardson, le chef d’état-major de l’US Navy avait rappelé l’existence de cet accord après plusieurs incidents en mer Baltique ayant impliqué des avions Su-24 Fencer russes et le destroyer USS Donald Cook, ce dernier naviguant alors à 70 nautiques de l’enclave de Kaliningrad. Et, à l’occasion, il avait dit souhaiter une « normalisation » avec la Russie.

Cela étant, le ministère russe de la Défense n’a pas ménagé l’US Navy, tout en insistant sur le fait que le patrouilleur Iaroslav Moudryï se « trouvait dans les eaux internationales (…) et n’effectuait pas de manoeuvres dangereuses à l’encontre du bâtiment américain. »

« Ces derniers temps, [le Pentagone] accuse avec une persévérance extraordinaire des pilotes et des marins russes de manque de professionnalisme, mais cet incident montre que les marins américains se permettent d’oublier les règles de base de la sécurité maritime », a-t-il en effet affirmé.

Seulement, des responsables militaires américains ont donné une autre version de cette affaire. L’un d’eux a ainsi accusé l’équipage du patrouilleur russe d’avoir agi de façon « non sûre et non professionnelle » à l’égard de l’USS Gravely, qui fait partie du groupe aéronaval constitué autour du porte-avions USS Harry Truman, actuellement engagé, depuis la Méditerranée, contre l’État islamique (EI ou Daesh).

Pour le Pentagone, c’est donc le patrouilleur russe « qui s’est approché du navire américain » et qui a fait plusieurs « manoeuvres rapprochées ». Au plus près, affirme-t-il, le deux bâtiment ont été à environ « 290 mètres ».

Un autre responsable militaire américain a précisé que le patrouilleur Iaroslav Moudryï aurait arboré un signal visuel international selon lequel il « manoeuvrait difficilement ». Le bateau russe « a déployé intentionnellement un faux signal », a-t-il accusé, avant de déplorer ces comportements, qui « font monter la tension inutilement » et « pourraient déboucher sur des malentendus ou des accidents provoquant des blessures ou des morts. »

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