Mer de Chine : Pékin dénonce le survol des îles Spratleys par des bombardiers stratégiques américains

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Ces derniers jours ont été difficiles pour les relations entre la Chine et les États-Unis, à cause du feu vert donné par l’administration Obama à la vente de deux frégates et de missiles à Taïwan mais aussi du passage de deux bombardiers stratégiques de l’US Air Force à proximité des îles Spratleys, dont la souveraineté est revendiquée par Pékin, en dépit des contestations émises par les pays riverains qui ont, eux aussi, des prétentions à faire valoir.

Les îles Spratleys et Paracel, qui receleraient d’importantes réserves en hydrocarbures en plus d’avoir des eaux riches en ressources halieutiques, sont situées à un carrefour des voies maritimes utilisées pour le commerce mondiale. Pour la Chine, leur possession lui permettrait de disposer d’une zone de déploiement sécurisée pour ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engin (SNLE) basés à Hainan.

Aussi, pour assurer le contrôle de ces deux archipels, Pékin a entrepris d’y aménager 1.200 hectares de terrains artificiels à des fins militaires. Par exemple, le récif de Fiery Cross, où une piste d’aviation de 3.000 mètres de longueur a été construite, est désormais qualifiée de « second porte-avions chinois ».

Les États-Unis, l’Australie ainsi que d’autres pays de la région (Vietnam, les Philippines, Taïwan, Bruneï et la Malaisie) ne cessent de dénoncer la politique de Pékin dans ce secteur. Pour Washington (mais aussi pour Paris), la liberté de naviguer en mer de Chine méridionale serait ainsi menacée.

C’est donc dans ce contexte que, le 10 décembre, deux bombardiers B-52 ont survolé les îles Spratleys. Le Wall Street Journal, qui a rapporté cette information, a indiqué, citant des responsables militaires américains, que « l’un des deux appareils s’était approché à moins de deux milles, plus près que prévu, d’un îlot artificiel construit par la Chine sur un récif des Spratleys ».

« L’avion a dévié de sa route, sans en avoir l’intention, peut-être en raison de mauvaises conditions météorologiques », a précisé le quotidien financier.

Comme l’on pouvait s’y attendre, pékin a vivement dénoncé ce survol. « Le 10 décembre au matin, deux bombardiers américains B-52 sont entrés sans autorisation dans l’espace aérien des îles chinoises Nansha [ndlr, nom des îles Spratleys en mandarin] et des eaux territoriales adjacentes », a relevé le ministère chinois de la Défense, dans une déclaration.

« Ce comportement (représente) une grave provocation militaire, qui complique la situation générale en mer de Chine méridionale et qui contribue même à la militarisation de la région », a-t-il accusé.

« Cela fait déjà quelque temps que les Etats-Unis envoient de façon incessante des avions et navire de guerre dans l’espace aérien et les eaux de la mer de Chine du sud pour des démonstrations de force et pour attiser les tensions », a ajouté le ministère chinois de la Défense.

« Nous demandons aux Etats-Unis d’adopter immédiamement des mesures pour éviter que se répètent ces comportements dangereux, afin de ne pas compromettre les relations entre nos deux pays. L’armée chinoise prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre résolument la souveraineté et la sécurité du pays », a-t-il encore prévenu.

Seulement, les actions américains sont conformes au droit international car il ne suffit pas qu’un pays prétende qu’un territoire lui appartienne pour que cela soit effectivement le cas. Surtout quand le territoire en question fait l’objet d’un différend.

Ce n’est pas la première fois que les États-Unis défient la Chine sur ce dossier. En mai, un avion de patrouille maritime P-8 Poseidon du Patrol Squadron 45 de l’US Navy avait survolé le récif Fiery Cross, ce qui donna lieu à des échanges par radio tendus avec le contrôle chinois. Plus récemment, le destroyer USS Lassen effectua une patrouille à moins de 12 milles des îlots revendiqués par Pékin. « Nous opérons de manière habituelle en mer de Chine méridionale et nous naviguerons dans les eaux internationales quand nous le souhaitons », avait commenté un responsable militaire américain.

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