Les instructeurs militaires américains n’ont formé que 60 rebelles syriens

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Le président Obama est loin d’avoir convaincu tout le monde, notamment au Congrès, sur la pertinence de la stratégie actuellement mise en oeuvre pour réduire l’organisation État islamique (EI ou Daesh), présente à la fois en Syrie et en Irak. Lors d’une visite au Pentagone, le 6 juillet, il a en effet mis en avant les progrès obtenus par la coalition et averti que la campagne de frappes aériennes allait prendre du temps.

Quant à l’éventualité de déployer des forces terrestres pour combattre l’EI, il n’en est toujours question. « Au cours de l’année écoulée, nous avons vu qu’avec un partenaire efficace sur le terrain, l’EI pouvait être repoussé », a affirmé le président américain.

En Irak, les jihadistes ont été mis en échec par les combattants kurdes irakiens (Peshmergas) au barrage de Mossoul et au Mont Sinjar. Ils ont aussi perdu le contrôle de Tikrit face aux milices chiites, soutenues par l’Iran, dont on a compris, d’après les propos de M. Obama, qu’elles faisaient donc partie des « partenaires efficaces » de la coalition…

En Syrie, l’EI s’est vu infliger des revers par les Unités de protection du peuple (YPG), c’est à dire les milices kurdes. Et à vrai dire, elles constituent les seules forces sur lesquelles la coalition peut s’appuyer dans ce pays étant donné qu’il n’est pas plus question d’aider les troupes du régime de Bachar el-Assad que de soutenir le Front al-Nosra (lié à al-Qaïda) et ses alliés islamistes. Quant à l’Armée syrienne libre (ASL), elle ne fait pas le poids.

Pourtant, un programme de 500 millions de dollars a été lancé pour former militairement des rebelles syriens modérés. Mais, apparemment, ses débuts sont très difficiles: d’après Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense, seulement 60, à ce jour, ont reçu une formation, ce qui représente 1% de l’objectif visant à instruire 5.400 combattants par an.

« C’est beaucoup moins que ce que nous espérions à ce point », n’a pu qu’admettre M. Carter, lors d’une audition devant la commission des Forces armées du Sénat, présidée par John McCain, ancien candidat républicain à la Maison Blanche. Pour autant, a-t-il assuré, il y aurait eu 7.000 volontaires syriens pour participer à ce programme de formation. Mais ele filtrage très serré des candidats ralentit la montée en puissance », a-t-il expliqué.

Le processus de sélection prend donc du temps. Ce qui peut se comprendre étant donné qu’il n’est pas question de voir des recrues rejoindre les rangs jihadistes une fois leur formation terminée. Mais selon M. Carter, les choses devraient aller plus vite. « Nous en savons plus les groupes d’opposition syriens », et « nous sommes en train de nouer des relations importantes » avec eux, a-t-il dit, avant de rappeler que les États-Unis veulement que l’action des rebelles soit avant tout dirigée contre l’EI et non contre le régime syrien. « Assad dout partir, mais la structure de gouvernance de la Syrie doit rester », a-t-il insisté.

S’agissant de l’Irak, les objectifs sont aussi loin d’être atteints. Il était prévu de former 24.000 membres des forces de sécurité irakiennes d’ici la fin de cette année : seulement 8.800 soldats l’ont effectivement été, ainsi que 2.000 spécialistes de l’anti-terrorime.

Aussi, pour de nombreux élus du Congrès, tout cela est encore insuffisant. « Il n’y a aucune raison impérieuse de croire que tout ce que nous faisons actuellement sera suffisant pour atteindre l’objectif affiché du président [Obama] de dégrader et finalement détruire l’EI », a commenté le sénateur McCain. « Nous ne sommes pas en train de gagner, et quand vous ne gagnez pas à la guerre, vous êtes en train de perdre », a-t-il ajouté.

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