Les deux gouvernements rivaux libyens mettent en garde contre l’avancée du groupe État islamique

Pendant longtemps, le gouvernement installé à Tripoli et soutenu par la milice islamiste Fajr Libya a nié l’implantation du groupe État islamique (EI) en Libye, parlant de « bandes criminelles » plutôt que de « jihadistes ». Seulement, avec des attentats commis à Tripoli, l’assassinat de coptes égyptiens et d’autres chrétiens originaires d’Éthiopie ainsi que les revers subis par ses troupes, notamment à Syrte, où ces dernières ont perdu le contrôle de l’aéroport, le ton n’est plus du tout le même.

Ainsi, le 31 mai, l’EI a revendiqué un attentat suicide commis par un certain Abou Wahib al-Tounsi dans les environs de Misrata. Cinq miliciens y ont laissé la vie. Dans sa revendication, l’organisation jihadiste a appelé les combattants de Fajr Libya à « se repentir de leur apostasie et à retourner à leur religion ».

Son territoire désormais menacé par l’EI, le gouvernement de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale, en a appelé une « mobilisation urgente » contre les jihadistes en s’adressant aus « officiers et soldats de l’état-major de l’armée libyenne, aux forces du ministère de l’Intérieur et à tous les services de sécurité ainsi qu’aux révolutionnaires du 17-Février dans toutes les villes ».

Le gouvernement rival emmené par Abdallah Al-Theni [ndlr, lequel vient d’échapper à une tentative d’assassinat] et installé dans la région de Tobrouk n’a pas attendu Fajr Libya pour décréter la mobilisation générale contre l’EI.

Soutenu par l’Égypte et les Émirats arabes unis tout en s’appuyant sur les forces du général Khalifa Haftar, qui a lancé l’opération « Dignité » il y a un an pour chasser les extrémistes de Benghazi, ce gouvernement, reconnu par la communauté internationale, combat à la fois les jihadistes et la milice Fajr Libya.

Et, lors d’une conférence de presse donnée le 31 mai, Abdallah Al-Theni, a dit craindre un scénario à l’irakienne pour son pays. « Les menaces de ce groupe ne cessent de peser sur les villes libyennes et il va devenir difficile de les combattre, l’Irak en est l’exemple », a-t-il affirmé. « Nous sommes surpris que la communauté internationale n’ait pas pris une position ferme face à ce qui se passe en Libye », a-t-il ajouté, avant de demander une nouvelle fois la levée de l’embargo sur les armes… Levée qui est pour le moment refusée par le Conseil de sécurité des Nations unies, qui dit craindre voir ces matériels tomber entre de mauvaises mains ou alimenter les trafics.

Si les deux gouvernement rivaux ne sont pas d’accord sur grand chose, la lutte contre les jihadistes pourrait les unir. En écho aux propos de M. Al-Theni, celui établi à Tripoli a aussi demandé de l’aide face « à ce danger imminent » que représente l’EI et souhaité que les « Etats concernés par la lutte contre ce phénomène destructeur » puissent « coopérer » avec lui en fournissant du soutien « technique, logistique et en matière de renseignements ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]