L’Égypte envisage d’acquérir une frégate multimissions

fremm-20141127

« L’Égypte est désireuse de travailler avec la France et notre relation est de grande qualité », confiait, en septembre, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors d’une audition à l’Assemblée nationale.

Les relations entre Paris et Le Caire se portent bien, notamment depuis l’arrivée au pouvoir du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, lequel a mis un terme au mandat du Mohamed Morsi, qui était issu des rangs des Frères musulmans. Dans le même temps, et suite aux troubles qui éclatèrent en 2013 et leur répression sanglante, les nouvelles autorités égyptiennes sont en froid avec Washington, qui accordait jusque-là une aide militaire conséquente à aux forces armées du pays.

Pour la France, de bons rapports avec l’Égypte sont d’autant plus importants que ce pays partage une longue frontière avec la Libye, dont la situation, très préoccupante avec la présence d’éléments jihadistes, est regardée de très près par Paris.

Sur le plan des affaires de défense, il existe également une « Commission militaire armement stratégie franco-égyptienne » (CAMAS), qui se réunit régulièrement. Et les forces armées françaises et égyptiennes ont atteint un bon niveau de coopération, avec plus de 70 actions en matière de formation et d’exercices, dont, par exemple, celui appelé « Cléopatra », organisé chaque année au profit des marines des deux pays.

Cette bonne entente a certainement dû faciliter la commande égyptienne passée auprès du constructeur naval français DCNS portant sur 4 corvettes de type Gowind pour un milliard de dollars. Et deux autres pourraient être prochainement vendus.

Mais, en attendant, et alors que le président al-Sissi est à Paris pour une visite officielle, il serait question de l’acquisition d’une frégate multimissions (FREMM)pour les besoins de la marine égyptienne. Cette information, qui était jusqu’alors une rumeur, a été confirmée par LaTribune.fr, qui cite des « sources concordantes ». Et visiblement, la marine égyptienne voudrait voir ce dossier aboutir rapidement, c’est à dire avant la fin des travaux d’élargissement du canal de Suez, prévue en 2015. Le montant d’un tel contrat pourrait atteindre les 600 millions d’euros.

Pour tenir les délais; il n’y a pas 36 solutions : la FREMM « Normandie » effectue actuellement ses derniers essais avant d’être livrée à la Marine nationale d’ici peu. Et il n’est donc pas impossible que son pavillon change d’ici-là… Ce qui apporterait un bol d’air aux finances du ministère français de la Défense (l’on sait que l’exécution de La Loi de programmation militaire est plus que très tendue)… mais ne ferait pas les affaires des marins français.

Cependant, plusieurs problèmes se posent. D’abord, il y a la formation de l’équipage égyptien qui devra être apte à prendre la barre de cette FREMM. Il faut qu’elle ait lieu dans les délais, ce qui ne sera pas simple. En second lieu, la Normandie va faire défaut à la Marine nationale, qui a besoin de ses capacités de lutte anti-sous-marine pour la protection des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de l’Île-Longue et celle des sous-marins nucléaire d’attaque (SNA) de Toulon. Et cela alors qu’elle vient de désarmer les frégates De Grasse, Georges Leygues et Dupleix.

En outre, le retard dans la livraison des FREMM va compliquer la réduction des effectifs au sein de la Marine nationale, étant donné que ces navires demandent des équipages réduits par rapports aux frégates de type F70, comme le Montcalm, dont le retrait était prévu en 2015.

Qui plus est, si la FREMM Normandie part en Égypte, un autre navire de ce type sera-t-il commandé pour la Marine nationale? Cette dernière disposera-t-elle des 8 frégates de cette classe promises (les 3 dernières doivent être confirmées en 2016, la Royale devant en compter 11 au total)?

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]