Le ministère de la Défense se voit annuler 572 millions d’euros de crédits en 2014

Lors du collectif budgétaire annoncé à la fin du printemps dernier, les crédits du ministère de la Défense avaient été amputés de 330 millions d’euros (plus 20 millions en prenant en compte le budget des Anciens combattants). Mais il fut annoncé que cette somme allait être partiellement compensée par la mobilisation de 250 millions de recettes exceptionnelles supplémentaires, piochées dans le Programme d’investissement d’avenir… Ce qui, avec ce tour de passe-passe, permettait d’amoindrir l’effort demandé aux armées en le portant à 80 millions.

Mais la messe n’était pas encore dite : restait à attendre un nouveau projet de loi de finances rectificative afin de financer les dépassements de certains dépenses. Comme l’on pouvait s’y attendre, les surcoûts liés aux opérations extérieures sont supérieurs aux 450 millions d’euros initialement prévus dans le budget de la Défense 2014.

Opérations dans la bande sahélo-saharienne, intervention en Centrafrique, participation à la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) en Irak… Bilan des courses : il manque 605 millions d’euros pour terminer l’année.

À cela, il faut encore ajouter les dysfonctionnements du système de paiement des soldes Louvois (Logiciel unique à vocations interarmées de la solde), qui continue à faire des siennes, contribuant ainsi au dérapage de la masse salariale du ministère de la Défense qui s’élève à 160 millions d’euros sur les 540 millions d’euros pour l’ensemble des missions de l’État. Et cela, malgré le gel du point d’indice des fonctionnaires…

Il faut en outre aussi trouver 556 millions d’euros pour financer une hausse des dépenses sociales, dégradation du contexte économique oblige… (dont 70 millions pour l’Aide personnalisée au logement, 130 millions pour le RSA, 43 millions pour l’allocation adulte handicapé). Sont aussi revu à la hausse l’aide médicale d’État (+155 millions), l’hébergement d’urgence et l’allocation temporaire d’attente (+98 millions) ainsi que l’hébergement des demandeurs d’asile (+59 millions) et le Refus d’apurements communautaires (PAC) pour 352 millions. Au total, il manque 2,133 milliards (au passage, prétendre que ce « dérapage » est essentiellement dû aux armées, comme l’ont fait certains organes de presse, est très abusif… D’autant plus que les opérations extérieures se font au nom de la France… et non au seul ministère de la Défense)

Pour les financer, l’ensemble des ministères seront donc mis à contribution. Et celui de la Défense est le plus sollicité de tous, avec 572 millions d’euros de crédits annulés. Viennent ensuite ceux de l’Éducation nationale (202 millions), des Finances et des Comptes publics (177 millions), de l’Intérieur (160 millions) et de l’Écologie (138 millions).

Quoi qu’il en soit, si l’on additionne les annulations de crédits, cela fait beaucoup pour un budget prétendument sanctuarisé à 31,4 milliards d’euros (qui ne prend donc pas en compte l’inflation, laquelle est supérieure à la moyenne quand il s’agit d’équipements militaires).

L’un des premiers effet de l’annulation de ces 572 millions concernera le report de charges du ministère de la Défense, c’est à dire ses dettes à l’égard de ses fournisseurs.. Report de charge qui, en raison des 650 millions annulés en fin de gestion à la fin de l’an passé, avait déjà atteint le niveau très préoccupant de 3,45 milliards d’euros. Pour une entreprise privée, c’est le passage obligé devant le tribunal de commerce!

En outre, il reste encore le problème des 2,1 milliards de recettes exceptionnelles à trouver pour 2015, afin de maintenir le budget de la Défense à 31,4 milliards. Là encore, ce n’est pas gagné.

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