L’objectif de supprimer 1.000 postes d’officiers en 2015 sera difficile à atteindre

En 2015, le ministère de la Défense aura à supprimer 7.500 postes, dont, comme l’an passé, 1.000 d’officiers. L’idée est de réduire la masse salariale en procédant à un « dépyramidage », c’est à dire en jouant sur le taux d’encadrement en le faisant passer de 16,75 à 16%.

« L’effort de ‘dépyramidage’, se poursuit. Cet effort, qu’il faut conduire avec précaution, est nécessaire. Nous avons pris l’engagement de réduire la part des officiers au sein de la population militaire de 16,75 % à 16 % en fin de programmation – soit une déflation significative mais pas exceptionnelle », a récemment affirmé Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors d’une audition devant une commission élargie, à l’Assemblée nationale.

« Il s’agit en particulier de sortir de la contradiction à laquelle j’ai été confrontée en arrivant au ministère : les effectifs diminuaient, mais la masse salariale augmentait… Or, pour la première fois, en 2014, la masse salariale aura baissé de 340 millions d’euros. Cette opération exige une gestion très pointue des ressources humaines ; elle devra se prolonger en ce sens à moins de remettre en cause le maintien en condition opérationnelle (MCO) qui est l’une de mes priorités », a encore expliqué le ministre.

Ainsi, la masse salariale du ministère de la Défense a baissé de 340 millions… Alors même que l’objectif de supprimer 1.000 postes d’officiers n’a pas été atteint puisque 850 l’ont effectivement été.

« Si, en 2014, il n’y a eu que 850 suppressions au lieu des 1 000 prévus dans la LPM, ce fut en raison de la mise en place des outils d’aides au départ : il faut savoir que le dégagement n’est pas autoritaire mais repose sur le volontariat. Et il faut faire en sorte que ce ne soient pas seulement les meilleurs qui partent… », a fait valoir M. Le Drian, qui a dans le même temps admis que la « règle ne peut pas être d’application stricte » et que les « situations doivent être appréhendées de manière très précise », la DGA [Direction générale de l’armement] et le SSA [Service de santé des armées] ayant un « besoin d’un nombre d’officiers bien supérieur à celui de l’armée de Terre ».

Sauf que justement, pour l’armée de Terre, son taux d’encadrement est de 12% (voire moins pour les forces projetables) alors qu’il est de 14% pour son homologue britannique. Et cela fit dire à son ancien chef d’état-major, le général Ract-Madoux, que les efforts demandés en matière de « dépyramidage » étaient « déraisonnables ».

Son successeur, le général Jean-Pierre Bosser, n’a pas répété ce mot au cours de sa première audition devant les députés. Mais il a toutefois reconnu ne « pas être certain de parvenir » à atteindre les objectifs fixés en matière de déflation du nombre d’officiers.

« Sur le fond, je mesure le caractère considérable de la charge de déflation qui est imposée en particulier pour la catégorie des officiers. La règle du contingentement et la clause d’autoassurance nous incitent évidemment à réussir cette déflation, car dans le cas contraire les économies à réaliser dans un contexte budgétaire contraint seront à trouver ailleurs, éventuellement dans le recrutement. Cela dit, le fait de ne pas réussir pourrait constituer le premier signe objectif que les déflations successives auxquelles il a été procédé ces dernières années arrivent aujourd’hui en butée », a-t-il déclaré.

Même chose pour le général Denis Mercier, le chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA). « Entre 2008 et 2014, l’armée de l’air a diminué ses effectifs de 16 000 personnes, fermé douze bases aériennes et quinze unités majeures. Sur les deux dernières années, près de 5 000 postes ont été supprimés. Pour 2014, la déflation représente sur une seule année 5 % des effectifs du budget opérationnel de programme ‘air’. Ce rythme très fort risque de poser des problèmes de maintien de certaines compétences et de préparation de l’avenir. Ce qui nous attend en 2015, c’est le départ de plus d’un millier de personnels, dont 200 officiers », a-t-il commencé par rappeler aux parlementaires.

« Nous sommes très vigilants sur la population des officiers. Autant les aviateurs comprennent la nécessité de diminuer les effectifs, puisque c’est la condition pour continuer à moderniser les capacités – encore doivent-ils voir la modernisation arriver vraiment sur nos parkings –, autant les efforts demandés sur les officiers sont très compliqués », a poursuivi le CEMAA.

« En effet, il est très difficile d’aligner le taux d’officiers sur celui de la période précédant la révision générale des politiques publiques (RGPP). Je continue à avoir besoin d’officiers en raison de la cyberdéfense et parce que nous avons des structures de commandement et de conduite. Bien sûr, nous tiendrons les objectifs de déflation de masse salariale, mais je ne pense pas pouvoir atteindre celui de déflation envisagé pour les officiers », a-t-il conclu sur cette question.

Lors de son audition à l’Assemblée nationale, l’amiral Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale, ne s’est pas spécialement attardé sur les suppressions de postes d’officiers. Cela étant, il a quand même abordé le problème des effectifs en en expliquant qu’il ne serait pas possible d’aller au-delà de la déflation de 1.800 postes prévue pour la période 2014-2019. « Je souhaite vivement que cette facture ne soit pas dépassée, afin que le maintien des compétences, donc le format, donc le contrat opérationnel, ne soient pas mis en danger », a-t-il dit.

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