Un rapport de l’ONU estime que les casques bleus font rarement usage de la force pour protéger les civils

Souvent, pour justifier le déploiement d’un mission des Nations unies dans un pays en crise, les résolutions adoptées (sous chapitre VII) par le Conseil de sécurité mettent en avant la nécessité de protéger les populations civiles.

Ce type de mission place généralement les casques bleus dans des situations compliquées : il n’est jamais simple d’intervenir entre deux belligerants (voire même plusieurs) sans donner l’impression de prendre parti pour l’un ou l’autre et il faut faire avec des règles d’engagement souvent contraignantes.

Or, un rapport interne, présenté cette semaine, selon l’AFP, à un comité de l’Assemblée générale de l’ONU, note une « tendance persistante des opérations de maintien de la paix à ne pas intervenir par la force quand les civils sont attaqués, alors même que l’usage de la force militaire est autorisé par le Conseil de sécurité ».

Selon ce document, plusieurs raisons expliquent cette « retenue », comme la double chaîne de commandement entre les chefs de la mission de paix et les pays contributeurs ainsi que les « divergences », au sein même du Conseil de sécurité, sur les « modalités d’une intervention » pouvant impliquer l’usage de la force.

En outre, les missions de maintien de la paix des Nations unies n’ont toujours pas les effectifs et les équipements suffisants pour agir fermement si nécessaire. Et il peut être toujours considéré qu’une action de force ait été « excessive », voire « inappropriée », ce qui peut valoir des poursuites aux casques bleus qui en seraient à l’origine.

Ce rapport peut faire penser aux événements de Srebrenica, en Bosnie-Herzégovine, il y a maintenant près de 20 ans. En fait, il se base sur une évaluation de 8 des 10 missions des Nations unies qui ont pour objet la protection des civils, comme la MINUSS (Soudan du Sud) ou encore la MONUSCO (République démocratique du Congo), ces deux pays étant actuellement en proie à de graves troubles. La MINUSMA (Mali) n’a pas été évoquée dans le document.

Le rapport indique que 507 incidents impliquant des civils recensés entre 2010 et 2013, seuls 101 (20%) ont donné lieu à une réponse immédiate de la part des casques bleus. Généralement, ces derniers ne se trouvent pas sur les lieux où se produisent les attaques. Mais, quand ils y sont, « ils n’ont pratiquement jamais utilisé la force, même en dernier recours ».

Qu’ont-ils fait alors? Le rapport souligne qu’ils ont « soutenu les forces de sécurité locales et/ou mis les civils à l’abri », y compris « en les abritant dans les locaux de l’ONU ». Les missions de maintien de la paix s’efforcent surtout à identifier les menaces contre les civils et à prévenir les attaques via « des moyens pacifiques ». Ce qui ne marche pas toujours…

Sollicité pour commenter ce rapport, le chef des opérations de maintien de la paix, le français Hervé Ladsous, a déploré que l’accent ait été mis sur le « dernier recours », c’est à dire l’usage de la force, aux dépens de « l’importance primordiale des solutions politiques ».

« Le rapport ne souligne pas assez non plus le rôle central joué par les pays hôtes dans la protection des civils », a-t-il aussi affirmé. « Les Casques bleus peuvent soutenir un processus de paix fragile mais ne peuvent pas se substituer aux institutions d’un Etat », a-t-il ajouté, en précisent que son département a déjà déployé des « équipes mobiles d’entraînement chargées de former sur place les Casques bleus à la protection des civils ».

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