Le contrat du missile anti-navire léger notifié à MBDA pour 600 millions d’euros

Pour l’ancien chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Edouard Guillaud, le programme de missile anti-navire léger (ANL) n’était pas une priorité pour les forces françaises, au contraire de leurs homologues d’outre-Manche, qui attendaient non sans impatience une décision de Paris au sujet de ce projet franco-britannique.

« La volonté politique a soutenu l’anti-navire léger, qui impose désormais au DGA (Délégué général de l’armement) et à moi-même de trouver des solutions non pas techniques, mais d’allocation des crédits dont nous disposons, même si ce programme répond à un besoin militaire avéré », avait-il affirmé, en juin 2013, devant les députés de la commission des Finances.

Ainsi, le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) et la Loi de programmation militaire 2014-2019 qui en découle, ont tranché. En janvier dernier, à l’occasion du sommet franco-britannique de Brize-Norton, un arrangement cadre (Memorandum of Understanding) a été conclu entre Paris et Londres. Restait à notifier le contrat à MBDA, ce qui vient d’être fait.

En effet, par voie de communiqué, la Direction générale de l’armement (DGA) a indiqué que le ministère britannique de la Défense a confié, le 26 mars, au groupe MBDA, le contrat de développement et de production de l’ANL/FASGW(H) pour un montant de 600 millions d’euros, co-financé par Paris et Londres.

« Ce développement commun est décisif pour engager la consolidation de l’industrie missilière franco-britannique sous l’égide de MBDA et de ses sous-traitants, dans le cadre de l’initiative « One Complex Weapon », explique la DGA, qui assurera, en coopération avec son homologue britannique, la DE&S (Defence Equipment & Support), la conduite de ce programme au sein d’un bureau de programme commun (Joint Project Office) basé à Bristol.

« Ce programme nous fait entrer dans une ère nouvelle de la coopération qui permettra de réaliser des économies significatives sur les programmes à venir. Au lieu de mettre en commun leurs efforts programme par programme, comme c’était la règle auparavant, Français et Britanniques vont désormais coordonner leur approche des développements et des acquisitions afin d’éliminer les redondances dans le secteur des missiles », a, de son côté, commenté Antoine Bouvier, le Pdg de MBDA.

« Les bénéfices en termes de compétitivité et de performances que MBDA a déjà démontrés sur ses principaux programmes en coopération (Aster, SCALP/Storm Shadow, Meteor) pourront s’appliquer à terme à tous nos produits français et britanniques. C’est un pas décisif qui a été franchi vers le renforcement et la durabilité de la filière missiles en Europe. C’est également l’assurance à long terme pour nos forces armées de leur sécurité d’approvisionnement au travers d’un accès mutuel à des technologies souveraines », a-t-il ajouté.

Destiné à remplacer les missiles Sea Skua et AS15TT, l’ANL armera les hélicoptères Lynx Wildcat AW159 de la Royal Navy et les NH-90 de la Marine nationale. D’une masse de 100 kg environ, il permettra de neutraliser, à distance de sécurité, des patrouilleurs rapides et des corvettes ainsi que des objectifs côtiers.

« Utilisable  pour les opérations en haute mer comme en environnement côtier », l’ANL  « représente un bond technologique significatif », fait valoir MBDA. D’une grande précision, il sera doté d’une liaison de données bidirectionnelle à haut débit pour transmettre les images captées par son auto-directeur à son opérateur, lequel pourra le tirer en mode autonome ou d’en garder le contrôle jusqu’au bout de sa course.

« Cette fonction optionnelle de surveillance et de contrôle ‘homme dans la boucle’ offrira de nouvelles fonctionnalités telles que la correction finale du point d’impact ou l’autodestruction du missile en toute sécurité », explique MBDA, qui précise que l’ANL pourra « engager  des cibles situées hors de portée visuelle directe lorsque sa plate-forme de lancement reçoit des désignations d’objectif tierces, comme une illumination laser ».

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