Al-Qaïda au Maghreb islamique menace la France pour son intervention en Centrafrique

Par un communiqué diffusé le 23 février par al-Andalous, son canal médiatique habituel, al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a dénoncé l’opération française Sangaris en République centrafricaine, en dénonçant, citation d’un rapport d’Amnesty International à l’appui, qu’elle avait favorisé un « nettoyage éthnique » concernant les populations musulmanes.

La réalité est bien évidemment plus complexe et la France a toujours affirmé qu’elle ne favorisait pas un camp par rapport à l’autre. C’est d’ailleurs tellement vrai que les miliciens anti-balaka ont soutenu l’opération Sangaris au début, puis ont manifesté contre elle quand le ton à leur égard s’est durci.

En outre, si les opérations desarmement des combattants de l’ex-coalition rebelle de la Séléka, qui à dominante musulmane, a commis des exactions à l’encontre des communautés chrétiennes et animistes ont été menées, d’autres ont visé plus spécifiquement les miliciens anti-balaka, dont leur fief, à savoir le quartier de Boy Rabe, à Bangui.

Il n’empêche que, avec des moyens limités, la mission des militaires français et des troupes africaines de la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) est difficile, les fractures entre communautés étant profondes…

Quoi qu’il en soit, les exactions rapportés sur les populations musulmanes ont donc fait réagir AQMI, qui accuse donc la France d’en être à l’origine, en dénonçant un « nouvel épisode après le Mali dans la série de croisades haineuses contre l’Islam » tout en promettant des « répresailles ». « Vos crimes ne resteront pas impunis, la guerre entre vous et nous se poursuit », a fait valoir l’organisation jihadiste.

Selon RFI, les « partisans francophones d’al-Qaïda tentent de mobiliser autour de la crise centrafricaine à coup de photos de lynchages et d’images d’exactions » sur les réseaux sociaux. Et cela depuis quelques semaines.

Bien évidemment, il n’est pas question de prendre de telles menaces à la légères, même si, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, la présence jihadiste en Centrafrique n’est pas avérée. Du moins, ce n’était pas le cas lors de sa dernière audition sur l’opération Sangaris devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, le 4 février.

En revanche, dans le nord du Mali, il en va autrement. Et là, les intérêts français peuvent être directement frappés. Plusieurs signaux récents sont d’ailleurs inquiétants. A Taoudenit, Soumaïla T. Diarra, du journal L’Aube, rapporte que des hommes armés d’origine inconnue ont sommé des mineurs travaillant dans une mine de sel gemme de quitter les lieux. A Bamba, sur le fleuve Niger, d’autres aurait saccagé le réseau téléphonique et volé des médicaments. Il s’agirait des tamacheks mais cela demande confirmation.

D’après RFI, ce type d’incidents se « multiplient dans la région ». Et le média d’avancer, selon ses informations, que « combattants d’Ansar Dine (ndlr, qui s’est « évaporé », selon un récent rapport de l’ONU) et d’Aqmi se réorganisent ». Une source locale a expliqué que « ces dernières semaines, ils se déplacent essentiellement en moto, ils sont revenus dans l’ancien fief d’Abou Zeid, la vallée et le village d’Amététaï » en menaçant les habitants du coin.

« On intervient pour cibler des groupes en reconstitution sur deux théâtres, à la fois aux environs de Tombouctou et dans l’Adrar des Ifoghas (dans la région de Kidal, extrême nord-est) », avait récemment expliqué M. Le Drian, au sujet des opérations menée par la Force Serval…

Sauf que, d’après un militaire malien, les jihadistes ont « des observateurs pour suivre les mouvements des Français » et ils « n’utilisent plus les téléphones satellites ». Et d’ajouter : « Ils sont dans l’Adrar, mais aussi vers Taoudeni, les soldats français ne peuvent pas intervenir rapidement dans cette zone trop éloignée ».

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