Pour le général (2S) Desportes, les forces françaises sont « en état de vulnérabilité » au Mali

Un mois après le lancement de l’opération Serval au Mali, le président François Hollande a dressé un bilan très positif de cette intervention au cours d’une conférence de presse donnée le 10 février, aux côté de Goodluck Jonathan, son homologue nigérian, dont le pays assure le commandement de la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali)

« L’essentiel du territoire malien a été libéré, aucune ville n’est occupée par un groupe terroriste, aucun des réseaux ou groupes qui jusque-là mettaient en péril la vie des Maliens n’est capable de mener une véritable offensive », a ainsi déclaré le chef de l’Etat. Il y a « aujourd’hui plus de soldats africains (si l’on excepte l’armée malienne) que de soldats français au Mali », a-t-il relevé.

Et d’ajouter : « Nos deux objectifs : la libération totale du territoire malien et le relais par la Misma, sont en voie d’être atteints. » En outre, le président Hollande a expliqué que « le devoir de la France est d’aller jusqu’au bout de son opération pour ne pas laisser un seul espace territorial du Mali sous le contrôle des terroristes. »

Seulement, les attaques lancées ces derniers jours, à Gao, par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des trois groupes islamistes qui s’étaient assuré du contrôle du Nord-Mali en 2012, tendent à montrer que la situation est plus nuancée qu’il n’y paraît.

Désormais, l’on va entrer dans une nouvelle phase du conflit. Jusqu’à présent, les combattants islamistes ont refusé le combat à mesure que les forces françaises et africaines progressaient. Des groupes résiduels sont très probablement présent près des villes où ils s’étaient établis (l’exemple de Gao le montre) et le risque est de les voir s’engager dans des combats de guérillas. A cela s’ajoute leur grande mobilité, ce qui les rend difficilement détectables étant donné la surface de terrain qu’il y a à surveiller.

Pour le moment, les actions des islamistes, et donc en particulier celles du Mujao, ont eu surtout une dimension psychologique, le message étant que les troupes françaises et africaines ne contrôlent pas totalement la situation.

Ancien directeur du Collège interarmées de défense (CID, aujourd’hui devenu l’Ecole de Guerre), le général (2S) Vincent Desportes a estimé, lors d’une intervention devant l’Association des journalistes de défense, que les 4.000 militaires français actuellement déployés au Mali sont « en état de vulnérabilité » face aux potentielles actions de guérillas des islamistes, même s’ils sont en mesure de leur porter des « coups sévères. »

« Nous sommes passés dans la phase d’affrontement des volontés. Le rapport de forces n’a plus beaucoup d’importance », a-t-il expliqué. « Le déploiement des forces françaises sur un territoire très étendu, c’est à dire sur des distances très importantes, peut se transformer en faiblesse », a-t-il ajouté. « Les islamistes tentent ainsi d’en tirer profit » car aussi bien les attentats suicides que les attaques ponctuelles peuvent être réalisés « avec un niveau de forces très réduit », a-t-il prévenu.

Qui plus est, a encore estimé le général Desportes, avec la faiblesse de l’armée malienne et les difficultés rencontrées par la MISMA pour se déployer font que « toutes les conditions sont remplies pour que la manœuvre de contournement des islamistes fonctionne. »

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