Le ministre russe de la Défense a été limogé par Vladimir Poutine

Le procureur militaire russe, Sergueï Fridinski, ne cesse de dénoncer la corruption au sein des forces armées de son pays. « Les pots-de-vin, rétrocommissions et abus ont atteint une ampleur astronomique » en 2011, avait-il encore déploré en janvier dernier. Quelques mois plus tôt, il avait même avancé que « d’énormes sommes d’argent sont volées, pratiquement le cinquième (ndlr, du budget) alors que les soldats reçoivent des équipements et de armes de mauvaise qualité. »

Le mois dernier, une enquête a été ouverte au sujet des pratiques de la société Oboronservis, qui, créée en 2008 par un décret du Kremlin, a, parmi ses activités, la mission de revendre les biens immobiliers du ministère russe de la Défense, qui est le plus important propriétaire terrien de la Russie.

Seulement, il semblerait qu’Oboronservis n’ait pas toujours agi dans la transparence, étant donné que cette société, contrôlée par le ministère russe de la Défense, a cédé des biens très en deçà de leur valeur sur le marché. C’est ainsi que, par exemple, les 46 hectares de l’aéroport de Koubinka, situé dans la banlieue de Moscou, ont été cédés au milliardaire Souleyman Kerimov pour… 5 milliards d’euros.

Ce type d’affaire a conduit la justice russe à avoir les cadres d’Oboronservis à l’oeil. Et, le 26 octobre dernier, une perquisition a été menée chez Evguénia Vassilieva, soupçonnée de faire partie de « certains responsables » à l’origine de fraudes d’un montant de 3 milliards de roubles (74 millions d’euros) commises à l’occasion de la vente d’au moins 8 biens immobiliers.

Seulement, les policiers seraient tombés nez à nez avec le ministre russe de la Défense, Anatoli Serdioukov, qui, selon la presse moscovite, entretiendrait une liaison avec Evguénia Vassilieva. Ce qui ferait désordre si ces faits sont avérés.

Quoi qu’il en soit, le président russe, Vladimir Poutine, a tapé du poing sur la table. « Étant donné la situation de plus en plus difficile au ministère de la Défense, j’ai pris la décision de libérer de ses fonctions le ministre de la Défense Serdioukov, afin d’établir les conditions d’une enquête objective » a-t-il déclaré ce 6 novembre.

En poste depuis 2007, Anatoli Serdioukov, 50 ans, faisait pourtant partie du « premier cercle » du président russe. Ce dernier a désigné, pour le remplacer à la Défense, Sergueï Choïgou, l’ex-ministre des Situations d’urgence, devenu, au début de l’année, gouverneur de la région de Moscou.

Âgé de 57 ans, Sergueï Choïgou est aussi un proche de Vladimir Poutine. Décoré de la médaille de Héros de la Russie, la plus haute dinstinction du pays, il passe pour un responsable politique efficace aux yeux de l’opinion publique russe. Au cours de ces dernières années, il a eu notamment à gérer les feux de forêts immenses qui ravagèrent des centaines de milliers d’hectares en 2010, menaçant des installations nucléaires.

Cadre de Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine, Sergueï Choïgou aura à continuer la réforme de l’armée russe et surtout à superviser le réarmement sans précédent du pays. Et au vu des sommes engagées (le budget va augmenter de 25% en 2013 et représenter 3,2% du PIB) , mieux vaut avoir quelqu’un à la probité irréprochable au ministère de la Défense.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]