Le Pentagone peaufine des règles d’engagement en cas de cyberattaques

Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a évoqué le thème de la cybersécurité à l’occasion d’un discours prononcé devant des hommes d’affaires réunis à l’Intrepid Sea, Air and Space Museum de New York.

De plus en plus, la cybersécurité apparaît comme étant un enjeu majeur. « Le cyberespace est la nouvelle frontière » a estimé Leon Panetta. Et les promesses de prospérité qu’il recèle sont en balance avec l’apparition de « nouveaux périls ». « Internet est ouvert et très accessible » a-t-il rappelé. « Mais cela présente aussi un nouveau terrain pour une guerre où des adversaires peuvent chercher à faire du mal à notre pays, notre économie et nos citoyens » a-t-il ajouté.

« Une cyberattaque perpétrée par les États ou des groupes extrémistes violents peuvent être aussi destructrices que l’attaque terroriste du 11 septembre (2001) » et « paralyser le pays » a estimé Leon Panetta.

Pour bien préciser les choses, la protection des réseaux civils américains est du ressort du département de la Sécurité intérieure (DHS) et du FBI, le Pentagone n’intervenant qu’en soutien.

Et après avoir rappelé des cas d’attaques informatiques, comme celle particulièrement élaborée ayant visé, cet été, la société pétrolière Aramco, le patron du Pentagone a déclaré que ses services sont au courant que des « acteurs étrangers se penchent sur infrastructures essentielles américaines », comme par exemple les systèmes de contrôle des centrales électriques ou encore les réseaux de distribution d’eau. Ce qui n’est pas nouveau en soi, plusieurs affaires de ce type ayant déjà été relatées par le passé.

Mais, devant cette perspective, Leon Panetta a assuré qu’il est de la responsabilité du Pentagone de « défendre ses réseaux, mais aussi d’être prêt à défendre le pays et nos intérêts nationaux contre une attaque. » Et d’ajouter : « Si un adversaire étranger attaque les Etats-Unis, le peuple américain attend une riposte de ses armées. Si une cyber-attaque paralysante a été lancée contre notre nation, le peuple américain doit être protégé. »

« Nous ne réussirons pas à empêcher une cyberattaque simplement par des défenses améliorées. Si nous détectons une menace imminente d’attaque qui provoquera d’importantes destructions physiques ou provoquera la mort de citoyens américains, nous devons avoir la possibilité d’agir pour défendre le pays si le président l’ordonne » a-t-il expliqué.

Le Pentagone « a développé la capacité de mener des opérations efficaces pour contrer les menaces contre nos intérêts nationaux dans le cyberespace », a encore indiqué Leon Panetta, sans toutefois parler de « capacités offensives ».

Les propos du secrétaire américain à la Défense font écho à ceux tenus par le général Keith Alexander, à la fois chef de l’USCYBERCOM, le commandement militaire américain dédié au cyberespace, et directeur de la National Security Agency (NSA). Ce dernier n’avait pas hésité à parler de moyens offensifs lors d’un colloque, le 4 octobre dernier, à Washington.

« Parfois, le gouvernement doit étudier ce qu’il faut faire pour stopper les attaques – pour les stopper avant qu’elles ne surviennent. Pour notre défense, nous devons aussi étudier des mesures offensives » avait affirmé le général Alexander, pour qui une agression contre les réseaux informatiques d’infrastructures névralgiques devrait suivre les même règles d’engagement qu’une attaque « conventionnelle ».

Le souci, dans le cyberespace, est de pouvoir identifier avec certitude les auteurs d’une attaque afin de pouvoir ensuite engager des actions de représailles. Or, Leon Panetta a assuré que les Etats-Unis, via l’USCYBERCOM, ont actuellement cette capacité.

« Au cours des deux dernières années, le Pentagone a fait des investissements importants pour résoudre ce problème et nous avons des résultats » a-t-il affirmé. « Des agresseurs potentiels doivent être conscients que les Etats-Unis ont la capacité de les localiser et de les tenir pour responsables des actions qui nuisent à l’Amérique et à ses intérêts », a-t-il prévenu.

Enfin, Leon Panetta a mis aussi l’accent sur la coopération avec les alliées des Etats-Unis, mais aussi avec le secteur privé et ainsi déploré l’échec au Congrès d’un projet de lui sur la cybersécurité allant dans ce sens.

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